CommentaireLa Tzoumaz-Isérables: quand le rêve vire au cauchemar
La fermeture de la route qui mène à la station devrait servir de leçon.
- par
- Eric Felley
On dira que c'est souvent à Riddes que les problèmes d'infrastructures routières se font jour en Valais. En 2019, c'était le viaduc du lieu qui montrait de graves faiblesses à cause de la dégradation du béton. Il a été réparé pour un certain temps, une dizaine d'années, a-t-on dit. Samedi, c'est un tunnel de la route qui monte à la station de La Tzoumaz, qui s'est effondré, causant d'inestimables dégâts.
La fermeture de cet axe vital pour la station, durant des mois, voire «des années», fait depuis dimanche de nombreuses victimes collatérales. Les touristes et les habitants de la région doivent dorénavant passer par Isérables pour monter dans un sens et par Nendaz (par la route des Crettaux à 1500 mètres d'altitude) pour descendre dans l'autre.
La commune de Riddes parle «de quelques minutes» de trajet en plus, mais la réalité est bien différente. Ces accès dans la forêt seront engorgés toute la journée et le temps de parcours va être augmenté de 45 minutes, voire une heure, en fonction de l'intensité du trafic. 8000 touristes sont attendus ces prochaines semaines dans la station.
«Ils ont des voitures plus larges que la route»
Dans cette histoire, le pompon de la tristesse revient aux habitants d'Isérables, les Bedjuis. Contrairement à la commune de Riddes, Isérables a su préserver son territoire d'un tourisme agressif, misant sur le charme du lieu et la randonnée. Depuis dimanche, sa minuscule rue centrale est envahie de voitures pressées d'aller à La Tzoumaz. «Ils ont des voitures plus larges que la route», note une habitante sur Facebook. À cause de la circulation: «Il fallait tendre le bras pour traverser», note une autre et finalement d'espérer «qu'il ne neige pas car se sera la cata au village».
Des bénéfices fonciers colossaux
Le tunnel qui s'est effondré date de 1968. Les Valaisans ont dû penser qu'il était éternel. Dans la station de La Tzoumaz, des dizaines de millions de francs ont été dépensés pour les infrastructures et le développement des résidences secondaires. Des bénéfices fonciers colossaux ont été réalisés ces trente dernières années. Mais on a oublié d'investir, ou si peu, dans la route, pourtant essentielle.
En plus de 50 ans, ces tunnels n'ont même pas été renforcés avec une structure en béton. L'eau y suintait de la roche en permanence. Certes, on peut dire, comme la voix officielle, que c'est le réchauffement climatique qui fragilise l'ensemble des routes dans toutes les Alpes et qu'il y a une part de fatalité. Mais cela ne justifie pas tout. Il y a une part d'incurie locale sur le long terme, qui n'est pas acceptable.