Un implant cérébral guérit une femme de ses TOC

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RévolutionUn implant cérébral guérit une femme de ses TOC

Une Américaine de 34 ans s'est fait poser un appareil de la taille d'un sparadrap qui réduit drastiquement ses troubles.

Se laver les mains jusqu’à en saigner, vérifier maniaquement la fermeture des fenêtres, manger seule par peur d’être contaminée: la vie entière d’Amber Pearson était régie par ses TOC  (troubles obsessionnels compulsifs). Mais ce calvaire n’est plus qu’un mauvais souvenir grâce à un implant cérébral révolutionnaire.

Cette Américaine de 34 ans est la première personne équipée d’un petit appareil de la taille d’un sparadrap à l’arrière de son cerveau, qui lui permet de réduire à la fois ses troubles obsessionnels compulsifs et ses crises d’épilepsie. Une innovation scientifique prometteuse qui a radicalement changé son existence.

«J’étais constamment coincée dans ma tête»

«Je suis vraiment présente dans ma vie quotidienne et c’est incroyable», explique à l’AFP la patiente, qui vit en Oregon. «Auparavant, j’étais constamment coincée dans ma tête, à me préoccuper de mes obsessions.» Ses TOC très sévères pouvaient l'accaparer «jusqu’à huit à neuf heures par jour» et l’isolaient socialement.

Avant de se coucher, elle devait s’assurer que les portes et fenêtres étaient fermées, le gaz éteint et les appareils électriques débranchés. Terrorisée par l’idée d’être contaminée, elle se douchait à chaque fois qu’elle changeait la litière de son chat. Elle se lavait les mains tellement souvent que ses phalanges desséchées saignaient lorsqu’elle pliait les doigts. Et elle préférait souvent manger recluse plutôt qu’avec famille et amis.

Désormais, ses TOC ne la mobilisent plus qu’une trentaine de minutes chaque jour. L’implant de 32 millimètres envoie une impulsion électrique lorsqu’il détecte des réactions anormales dans son cerveau afin de rétablir son fonctionnement habituel. Cette technique, appelée stimulation cérébrale profonde, était utilisée depuis plus de 30 ans contre l’épilepsie. Mais son intérêt pour réduire les TOC était encore mal connu et confinée à la recherche expérimentale.

C'est elle qui a suggéré l'idée

Jusqu’à l’intervention novatrice réalisée en 2019 sur Mme Pearson par les médecins de l’université des sciences et de la santé de l’Oregon. Son implant est «un appareil pour les TOC et l’épilepsie, le seul appareil au monde qui traite ces deux maladies» à la fois, souligne le neurochirurgien Ahmed Raslan, encore épaté par sa patiente. Car c’est elle qui a suggéré l’idée à l’équipe médicale.

Malgré l’ablation d’une partie de son cerveau, réalisée en raison de son épilepsie persistante, la jeune femme souffrait toujours de violentes crises. L’une d’elles a même provoqué un arrêt cardiaque, ce qui a conduit les médecins à vouloir lui greffer un implant contre cette maladie résistante.

Elle leur a alors dit, «puisque vous allez dans mon cerveau pour mettre une électrode et que j’ai des TOC, est-ce que vous pouvez en mettre aussi une pour les TOC ?», raconte le Dr. Raslan. «Heureusement nous avons pris cette suggestion au sérieux.»

Marqueurs électriques identifiés

Pour concevoir l’appareil, les médecins ont observé son activité cérébrale, en lui confiant par exemple des fruits de mer, une des nourritures qui la stressait. Cela leur a permis d’identifier des «marqueurs électriques» associés à ces TOC. L’implant est programmé «de manière à déclencher la stimulation uniquement lorsqu’il repère ce signal», reprend le Dr Raslan. Un programme gère l’épilepsie, l’autre s’occupe des TOC.

Amber Pearson a attendu huit mois avant de remarquer les premiers changements dans ses rituels infernaux. Puis, sa vie, complètement bouleversée depuis le lycée, est progressivement redevenue de plus en plus normale. «Je suis à nouveau heureuse et enthousiaste à l’idée de sortir, de vivre et d’être avec mes amis et ma famille, ce dont j’ai été coupée pendant des années», confie-t-elle.

Avec quatre années de recul, la procédure a été saluée dans une revue scientifique cet hiver. Une étude est actuellement menée à l’université de Pennsylvanie pour voir comment appliquer cette technique à d’autres patients, selon le Dr Raslan. Une source d’espoir aux États-Unis, où les TOC affectent environ 2,5 millions de personnes.

(afp)

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