L'armée fauchée ou l'histoire d'un cafouillage fédéral

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CommentaireL'armée fauchée ou l'histoire d'un cafouillage fédéral

Si l'armée a des problèmes de liquidités, c'est bien un peu à cause du Parlement.

Eric Felley
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Eric Felley
Lors de la session de décembre dernier, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a défendu sa ligne pour diminuer la part de l'armée face à Werner Salzmann (UDC/BE) et Beat Rieder (C/VS).

Lors de la session de décembre dernier, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a défendu sa ligne pour diminuer la part de l'armée face à Werner Salzmann (UDC/BE) et Beat Rieder (C/VS).

Service du Parlement/Franca Pedrazzetti

Les problèmes de trésorerie de l'ordre de 1,4 milliard que rencontre l'armée suisse ont surpris dans la Berne fédérale, alors que l'institution a le vent en poupe depuis le début de la guerre en Ukraine. L'armée reste une vache sacrée défendue d'une seule voix par les trois partis bourgeois, UDC, PLR et le Centre. En face, les voix critiques se perdent généralement dans un désert poli d'indifférence. Cependant, cette fois, cela n'a pas été aussi simple.

13 milliards

À la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les Chambres fédérales ont adopté, en juin 2022, une motion de Werner Salzmann (UDC/BE) demandant que les dépenses militaires soient progressivement augmentées à hauteur de 1 % du PIB entre 2023 et 2030. Le Conseil fédéral avait soutenu cette motion. La première étape parlait d'investissements à hauteur de 13 milliards de francs.

Mais, en février 2023, le Conseil fédéral a revu sa position, estimant qu'il fallait ménager les finances de la Confédération en proposant une échéance à 2035, plutôt qu'à 2030. Cette proposition a alerté les milieux de l'armée, qui ont fait pression sur les parlementaires pour qu'ils s'en tiennent à leur décision de 2022. La question a été tranchée au Parlement en décembre dernier lors du débat sur le budget 2024 et le plan financier 2025-2027.

Les Chambres inconciliables

La bataille a été âpre entre le Conseil des États, qui défendait la date de 2030, et le Conseil national celle de 2035, comme Karin Keller-Sutter et le Conseil fédéral. Après trois votes opposés dans chaque chambre, une fois n'est pas coutume, c'est la version la moins chère, celle du National, qui l'a emporté. Le vote des élus du Centre (parti de Viola Amherd) avec la gauche a été déterminant contre l'avis unanime de l'UDC et une petite moitié du groupe PLR.

Cette décision a signifié un malus pour l'armée de 2,1 milliards pour les années 2024-2027. D'où les actuelles difficultés de trésorerie. Aujourd'hui, le chef de l'armée, Thomas Süssli, dit ne pas avoir commis d'erreur. Certes, il pouvait penser que le bloc bourgeois allait se tenir encore une fois comme un seul homme derrière son armée en ces temps de guerre, mais ce ne fut pas le cas. Son erreur a été de croire que l'armée était encore une vache sacrée, qui pouvait porter des cornes en or, alors qu'à Berne, on demande à tout le monde de se serrer la ceinture.

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