FootballLe portier genevois qui va défier Osimhen
Gardien d'Etoile Carouge en Promotion League, Signori Antonio a été propulsé titulaire dans les buts de l'Angola. Ce vendredi (18h), il affronte le Nigeria de Victor Osimhen en quart de finale de la Coupe d'Afrique des Nations.
De l’anonymat de la Promotion League aux frissons d’un quart de finale de Coupe d’Afrique, en passant par une apparition tardive dans le championnat de son pays, l’Angola, le gardien Signori Antonio vit les meilleurs moments d’une carrière agitée.
Face à lui va se dresser un redoutable adversaire, ce vendredi (18h) à Abidjan: le Nigeria, favori de l’épreuve, et son attaquant star Victor Osimhen.
«Je garde les pieds sur terre, je savoure, je sais bien que dans le football ça va très vite, vers le haut comme vers le bas», raconte à l'AFP le gardien angolais (29 ans). Ce dernier a joué son tout premier match de CAN en entrant en jeu au bout de 17 minutes après l’exclusion du titulaire, Neblù, en 8e de finale face à la Namibie (3-0).
C’était la 15e sélection avec les «Palancas Negras» (les Antilopes Noires) de cet ancien international suisse junior. Il a commencé par un arrêt rassurant sur un coup franc de Deon Hotto, la star de la Namibie.
«J’ai un peu de bagage, je suis plus serein qu’il y a dix ans pour aborder un match de ce niveau. Le danger est de surjouer à notre poste, où chaque choix a des répercussions», explique Signori Dominique Nymi Antonio, son nom complet.
Ce calme lui vient d’une carrière atypique, durant laquelle il a connu l’inactivité et est même parti jouer dans le championnat de ses ancêtres, lui le Lausannois de naissance.
Après avoir débuté dans la capitale olympique, le gardien a en effet fait un choix surprenant pour beaucoup. «J’ai eu un coup de cœur pour l’Angola et j’ai tenté l’expérience en club et j’ai pu être champion», reprend le gardien, couronné avec Primeiro de Agosto, où il a joué de 2015 à 2017.
Avant ce départ, celui qu’on appelle Signori Antonio en Suisse, mais «seulement Dominique en Angola», précise-t-il, avait porté le maillot de la «Nati» dès les M15.
Derrière Benaglio et Sommer
«Nous avons une bonne école de gardiens de but en Suisse, donc ce n'était pas un choix facile, à 19 ans, de décider d’aller jouer pour le pays d’origine de mes parents. Quand j’ai pris cette décision, ça m’a fermé certaines portes en Suisse malgré tout».
«J’étais quand même une promesse de l’équipe nationale», poursuit-il, «mais il y avait Yann Sommer qui ne jouait pas encore, Diego Benaglio qui jouait, je savais que mon tour risquait d’arriver un peu plus tard.»
Quart de finalistes renouvelés
Sur les huit équipes qui vont se disputer le titre de champion d'Afrique, aucune n'était présente en quart de finale lors de la précédente édition de la CAN. Cet étonnant renouvellement est notamment dû aux éliminations inattendues du Sénégal, du Maroc ou encore de l'Égypte en 8es de finale.
A domicile, la Côte d'Ivoire tentera de poursuivre ce vendredi soir sa folle «remontada». Au bord du gouffre et de l'élimination en phase de groupes, les Éléphants ont créé la surprise en battant le Sénégal au tour précédent. Ils affrontent désormais le Mali de Fousseni Diabaté (Lausanne-Sport) pour une place dans le dernier carré.
Les deux joueurs de Young Boys Meschak Elia et Mohamed Ali Camara se feront face samedi lors du quart de finale opposant la RD Congo à la Guinée. La dernière affiche verra le surprenant Cap-Vert du Genevois Dylan Tavares défier l'Afrique du Sud à Yamoussoukro.
Après son expérience à Primeiro de Agosto, il refait un passage en Suisse, puis repart en Angola, dans l’autre grand club du pays, Petro Luanda, pour deux saisons difficiles malgré un nouveau titre de champion. Depuis, il a rebondi à l’Étoile de Carouge, en Promotion League, pour un nouveau retour à son point de départ.
«C’est quand même fou qu’un gars comme lui ne soit pas au plus haut niveau», s’étonne son entraîneur en club, Adrian Ursea, interrogé par l’AFP. «Mais tant mieux pour nous. D’ailleurs, tout le monde y trouve son compte, moi, le club, ses coéquipiers et le joueur».
«L'amour des racines»
«J’ai eu la chance de tomber sur «Signo» qui était dans l’équipe des chômeurs du football suisse, je suis étonné de voir un gars comme lui à ce niveau, mais peut-être qu’on ne fait pas toujours les bons choix dans le foot...» poursuit le technicien roumain, ancien adjoint de Lucien Favre à Nice.
«J’ai fait ce choix de la patrie il y a dix ans, avec l’opportunité d’être numéro 1 à 19 ans, et l’amour des racines, de la culture que mes parents m’ont inculquée à la maison», répond Signori Antonio. «Je suis content de voir que ça paie».