Jeu vidéoLa Warner sort le jeu «Suicide Squad» en mode panique
Un gros bug a contrarié le pré-lancement du blockbuster et forcé le studio à s'excuser. Mais c'est loin d'être tout.
- par
- Jean-Charles Canet
Ce vendredi est un jour important pour le développeur de jeux vidéo britannique Rocksteady. Réputé pour avoir donné jour à des jeux Batman de très grande qualité (Arkham Asylum, Arkham City et Arkham Knight), le studio, racheté en 2010 par la division jeu de la Warner Bros, lance aujourd'hui un nouveau titre qui s'inscrit toujours dans l'univers DC Comics: «Suicide Squad - Kill the Justice League».
Le moins que l'on puisse dire est que c'est une mise en orbite difficile. Basé sur des personnages bien moins populaires que Batman et dont la réputation a été ternie par la sortie de longs métrages de cinéma au mieux médiocres, le jeu sort donc avec un handicap certain.
Un jeu service
De plus, le choix, sans doute dicté par la Warner Bros, de faire concevoir un «jeu service», avec une forte composante multijoueur, et non basé sur une aventure solo complète et ambitieuse, a été plutôt source d'inquiétudes, voire de méfiance. Voilà en partie pourquoi les premières impressions accordées à des médias pourtant triés sur le volet ont été très mitigées.
Mais ce n'est pas tout. Il a été découvert que le jeu ne pouvait être pratiqué sans une connexion en ligne permanente. Un phénomène de plus en plus courant. Le commanditaire ayant entrepris de proposer aux fans les plus enthousiastes la possibilité de découvrir le jeu 72 heures en avance (au prix fort), ces derniers se sont retrouvés Gros Jean comme devant lorsqu'un gros bug a contraint le studio à fermer les serveurs pendant de trop longues heures, laissant les early adopters sur le carreau.
Plates excuses
Rocksteady a été contraint de présenter ses excuses et a décidé d'offrir aux lésés une somme proche de 20 francs dans la monnaie du jeu pour permettre des achats dans la boutique interne.
Et comme un bonheur ne vient jamais seul, les médias spécialisés dans la couverture de l'actualité du jeu vidéo se sont vu refuser un accès anticipé pour livrer en jour et en heure les critiques qui consolident ou amoindrissent le succès commercial d'un nouveau titre. «Suicide Squad» sort ainsi dans un relatif désert critique institutionnel, ce qui laisse la voie libre aux détracteurs particulièrement actifs sur les réseaux sociaux.
Au mauvais moment
Sans préjuger des qualités ou des défauts du titre, on constate pour notre part que le jeu, supposé renforcer l'univers étendu des DC Comics, n'arrive pas au meilleur moment, même après plusieurs reports. La Warner Bros est en effet en pleine restructuration de ses longs métrages de cinéma, confiés à James Gunn, un nouveau timonier débauché de Marvel.
Le réalisateur des «Gardiens de la Galaxie» a la lourde charge de redresser une division en perdition et dont les dernières cartouches de l'ancien régime («The Flash» et «Aquaman 2») ont subi un échec cuisant au box office.
Le jeu semble lui-même encore rattaché à la vieille vague. Peut-être ne l'est-il plus, mais comme on ne sait pas encore exactement à quoi ressemblera la nouvelle, sa position reste d'autant plus délicate.
«Suicide Squad - Kill the Justice League» est officiellement disponible sur PC (Steam), PlayStation 5 et Xbox Series depuis le 2 février 2024.