Tensions à BerneL'armée n'a pas de «trou», mais plus assez de sous
Pour payer ses achats, l'armée doit finalement échelonner 1,4 milliard de francs jusqu'en 2027.
![Eric Felley](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/25/649be52d-9129-4cd2-ac7f-eff88dafc17d.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1430%2C1408&fp-x=0.5&fp-y=0.5&crop=focalpoint&s=c05b8698680dd925ea79774cbcb35ae1)
![Thomas Süssli, le chef de l'armée suisse, droit dans ses bottes sur la RTS jeudi soir. Thomas Süssli, le chef de l'armée suisse, droit dans ses bottes sur la RTS jeudi soir.](https://media.lematin.ch/4/image/2024/02/02/59198396-08f9-48b7-8047-7f0f256ad5df.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C474%2C349&s=a644a981b667a51b156af75ddf7982da)
Thomas Süssli, le chef de l'armée suisse, droit dans ses bottes sur la RTS jeudi soir.
RTSEn quelques jours, le chef de l'armée suisse, l'Argovien Thomas Süssli, a eu droit à son plus grand pic de notoriété depuis qu'il a été nommé en septembre 2019. L'annonce mercredi d'un «trou» d'un milliard de francs dans les caisses de l'armée a fait l'effet d'une bombe, soulevant moult questions parmi les parlementaires, qui n'avaient jamais eu vent d'une telle situation.
Jeudi, après avoir rencontré la Commission de politique de sécurité du Conseil des États, Thomas Süssli a donné de plus amples explications. Il n'y a pas de «trou». L'institution est confrontée à un problème de trésorerie de l'ordre de 1,4 milliard de francs pour des commandes déjà passées. Elle peut régler tout ce qu'elle doit en 2024. Ensuite, elle amortira la facture sur les années 2025 (800 millions), 2026 (400 millions) et 2027 (200 millions).
Viola Amherd muette
Cette situation amènera l'armée à différer certains engagements, a informé le chef, sans préciser lesquels. La cheffe du DDPS, Viola Amherd, qui a participé à la séance avec les parlementaires, n'a pas souhaité s'exprimer à l'issue de la rencontre. Cependant, Thomas Süssli a affirmé, droit dans ses bottes sur la RTS, qu'il avait l'entier soutien de la conseillère fédérale.
La Commission de politique de sécurité des États a également communiqué jeudi sur sa rencontre avec le chef de l'armée et Viola Amherd. Elle confirme que pour 2024 «une solution a pu être trouvée ». Elle rappelle que cette affaire intervient alors que le Conseil fédéral avait décidé en janvier 2023 de reporter de 2030 à 2035 l’augmentation à 1% du produit intérieur brut (PIB) des dépenses de l’armée, en raison de l'évolution des finances fédérales.
Des engagements pour 13 milliards
Ce report, qui a été avalisé par le Parlement lors de la session de décembre dernier, «a signifié pour l’armée une diminution de 2,1 milliards de francs pour les années 2024-2027, par rapport à ce qui avait initialement été décidé», note la commission. Elle ajoute que «le paiement complet des engagements pris pour près de 13 milliards de francs doit être échelonné dans le temps et qu’il sera complètement effectué d’ici à 2028».
«C'est comme une montagne que l'on pousse devant soi», a imagé jeudi Thomas Süssli, qui conteste toute erreur de la part des dirigeants de l'armée. Mais cette affaire n'en est qu'à ses débuts. La commission va mettre son grain de sel dans le détail des engagements pris par l'armée et les options pour échelonner les paiements. Le Conseil national aura également son mot à dire lors d'une prochaine séance de sa Commission de politique de sécurité.
Pas de retour pour «AirSpirit 2024»
La commission a débattu enfin de l'annulation de la prestigieuse manifestation des forces aériennes prévue cette année, «AirSpirit 2024». Une proposition a été faite pour que l'armée poursuive son organisation, car «une annulation à si court terme va provoquer une atteinte à la réputation de l’armée et engendrer des frais, alors que la manifestation pourrait se dérouler en couvrant ses frais». Elle a été refusée par 7 contre 4, principalement pour la raison qu’il «n’appartient pas à une commission parlementaire de se mêler de questions opérationnelles».