Déclaration de politique généraleAttal veut «désmicardiser» et «débureaucratiser» la France
Devant l’Assemblée nationale mardi, le nouveau Premier ministre français a présenté les grandes orientations et les futures réformes de son programme.
«Déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser». Gabriel Attal a promis mardi une réforme des bas salaires pour les classes moyennes et «un choc de l’offre» sur le logement, désireux de reconquérir la «souveraineté» du pays, un mot qu’il a prononcé 23 fois.
«Exception agricole française»
«Je souhaite que la France retrouve pleinement la maîtrise de son destin. Qu’elle soit pleinement souveraine», sur les plans industriel, énergétique, agricole et culturel, a déclaré le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, refusant que «l’identité» française puisse «se dissoudre». Il a défendu dans cet esprit une «exception agricole française» alors qu’il s’exprimait en pleine fronde des agriculteurs.
Avant même que Gabriel Attal ne prenne la parole à 15H00, les groupes de gauche ont déposé une motion de censure, qui a peu de chances d’être adoptée sans le soutien de la droite. Dans ce discours solennel d’1H20, cravate bleu marine à liseré rouge au cou, il a apporté une touche personnelle en rappelant qu’il était le premier chef de gouvernement «ouvertement» homosexuel, preuve, selon lui, que «les mentalités évoluent». Il a assuré que sa porte «restait ouverte» aux oppositions pour construire des compromis, dans une situation de majorité relative, et ce «malgré leurs hurlements», a-t-il lancé dans le brouhaha.
Réformer les bas salaires
A moins de cinq mois des élections européennes, pour lesquelles le Rassemblement national est donné favori, il a particulièrement chargé l’extrême droite, l’accusant de soutenir un «Frexit déguisé». Il a ciblé en conclusion Marine Le Pen qui vote «tellement contre tout» qu’elle finit «par ne plus défendre les intérêts de notre pays». La cheffe des députés RN venait de pointer un «catalogue» sans «aucun souffle».
A l’adresse des classes moyennes, Gabriel Attal a souhaité «désmicardiser la France» en réformant les bas salaires dès le prochain budget à l’automne, et continuer «à baisser les charges qui pèsent» sur elles. «Nous devons répondre aux inquiétudes de la classe moyenne et faire en sorte que ceux qui vont travailler puissent vivre de leur travail, et gagnent toujours plus que ceux qui ne travaillent pas», a martelé Gabriel Attal, qui a cité une quarantaine de fois le mot travail. «Personne ne demande un droit à la paresse dans notre pays», a-t-il ironisé pendant que la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui défend cette idée, levait les yeux au ciel.
Discours «réactionnaire»
Il a aussi annoncé «un choc d'offre» pour «déverrouiller» le secteur du logement en crise profonde, en simplifiant notamment l’accès à MaPrimeRénov›, mais aussi en revoyant le calcul du quota de logements sociaux par commune. «Déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser. Oui, mais dans un seul objectif: réarmer notre pays», a résumé le Premier ministre, en écho au mantra du président Macron. Sur l’environnement, il a annoncé «un deuxième projet de loi industrie verte» et un «service civique écologique». Assumant d’être «pro-énergie nucléaire», il a promis de faire «rimer climat avec croissance. Dans le même temps, Gabriel Attal a appelé à «faire preuve d’une responsabilité exemplaire dans nos finances publiques», alors que la France est lourdement endettée, même s’il entend toujours baisser les impôts de deux milliards d’euros en 2025.
A peine la déclaration entamée, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, qui n’est plus député, a fustigé sur les réseaux sociaux le discours «le plus réactionnaire depuis un siècle».