L’Europe échappe à la récession, mais continue de stagner

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ÉconomieL’Europe échappe à la récession, mais continue de stagner

Le Produit intérieur brut de la zone euro oscille autour de zéro et certains pays, surtout l’Allemagne, reculent. D’autres s’en sortent bien mieux, à l’image de l’Espagne.

L’Espagne, portée par le tourisme, a connu une croissance de 2,5% l’an dernier.

L’Espagne, portée par le tourisme, a connu une croissance de 2,5% l’an dernier.

AFP

L’économie européenne a échappé de peu à la récession en fin d’année, mais elle affiche une maigre croissance de 0,5% sur l’ensemble de 2023 et semble stagner, avec une Allemagne en panne.

Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro est resté stable au quatrième trimestre 2023, par rapport au trimestre précédent, après un recul de 0,1% de juillet à septembre, a annoncé Eurostat mardi. Le chiffre est supérieur aux prévisions des analystes de Bloomberg et Factset, qui attendaient un recul de 0,1% sur la période d’octobre à décembre et une entrée en récession technique, définie par deux trimestres négatifs consécutifs.

Sur l’ensemble de l’année dernière, les 20 pays partageant la monnaie unique ont enregistré une croissance de 0,5% par rapport à 2022, selon l’office européen des statistiques, un peu moins que les 0,6% anticipés, en novembre, par la Commission européenne.

Portée par le tourisme, l'Espagne s'en sort

L’Europe fait pâle figure par rapport aux États-Unis, dont le PIB a progressé à 2,5% en 2023. Elle souffre des taux d’intérêt élevés imposés par la Banque centrale européenne pour calmer une inflation record. La contraction du crédit pèse sur l’investissement et la consommation des entreprises comme des ménages, alors que les exportations pâtissent du ralentissement de la demande mondiale.

Trimestre après trimestre, la zone euro a enchaîné les faibles performances, la croissance du PIB oscillant autour de zéro: +0,1% de janvier à mars, +0,1% d’avril à juin, puis -0,1% et 0%, en glissement trimestriel. Les chiffres ont été identiques pour l’ensemble de l’Union européenne.

Mais, au sein du bloc, certains pays ont mieux tiré leur épingle du jeu. L’Espagne, portée par le tourisme, a connu une croissance de 2,5% l’an dernier, et la France, à +0,9%, a fait mieux que la moyenne. À l’inverse, l’Allemagne, première économie du continent, a subi un recul de 0,3%, plombée par la crise du secteur industriel, qui souffre des coûts de l’énergie et de la faiblesse des exportations, son point fort traditionnel.

La Commission européenne doit publier, le 15 février, ses prévisions de croissance pour 2024. Elle tablait jusqu’ici sur un PIB en progression de 1,2% pour la zone euro, mais le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, a prévenu, en janvier, que les tensions géopolitiques au Proche-Orient augmentaient les risques d’une révision à la baisse.

«Phase de faiblesse prolongée»

«L’économie de la zone euro stagne globalement depuis la fin de l’année 2022 et a perdu, ces dernières années, beaucoup de terrain par rapport aux États-Unis», estime Bert Colijn, économiste pour la banque ING. L’Europe est entrée, selon lui, «dans une phase de faiblesse prolongée».

L’industrie lourde allemande souffre tout particulièrement de la flambée des prix de l’énergie depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, qui a conduit à fermer le robinet des importations de gaz russe bon marché, un choc auquel ont échappé les États-Unis, gros producteur et exportateur d’hydrocarbures.

Point positif, l’inflation semble ralentir

La banque ING voit quand même du mieux à l’horizon grâce au ralentissement de l’inflation. La hausse des prix à la consommation s’est ralentie à 2,9% sur un an, en décembre, dans la zone euro, bien loin du sommet de 10,6% atteint en octobre 2022. «La croissance des salaires réels commence lentement à se redresser, ce qui devrait permettre aux consommateurs d’avoir plus d’argent dans leurs poches», souligne Bert Colijn.

Mais l’éclaircie ne devrait apparaître que dans la deuxième moitié de l’année. «L’économie de la zone euro a stagné au quatrième trimestre, et nous pensons qu’elle stagnera également au premier semestre de cette année», a déclaré Jack Allen-Reynolds, de Capital Economics.

(afp)

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