Crise agricoleLes mesures d’urgence évaluées au total à 400 millions d’euros
Les tensions montent cette semaine un peu partout en Europe, alors qu'un «siège» de Paris est prévu par les agriculteurs en colère. Suivez les événements en direct.
- par
- afp
La mobilisation des agriculteurs partout en Europe a franchi un nouveau cap lundi en France avec le démarrage du «siège» de Paris, qui fait craindre une «semaine de tous les dangers» entre paysans en colère et forces de l’ordre françaises.
Entre blocages d’autoroutes et défilés de tracteurs, la grogne agricole s’est d’abord manifestée en décembre et janvier en Allemagne, avant de toucher la France, mais aussi la Roumanie, la Pologne, ou encore la Belgique.
Episodes climatiques extrêmes, grippe aviaire, flambée des prix du carburant ou afflux de produits ukrainiens exemptés de droits de douane, les facteurs communs de mécontentement ne manquent pas.
La nouvelle politique agricole commune européenne, qui renforce depuis 2023 les obligations environnementales, et les législations du «Pacte vert» européen - même si elles ne sont pas encore en vigueur – cristallisent tout particulièrement la colère.
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Italie: les agriculteurs en colère annoncent leur arrivée prochaine à Rome
Les manifestations des agriculteurs italiens se sont poursuivies samedi, avec 150 tracteurs présent à Orte, à une heure de Rome, les manifestants annonçant leur arrivée prochaine dans la capitale.
Défilant en convoi près d’un important axe autoroutier, les agriculteurs en colère exigent l’amélioration de leurs conditions de travail et de leurs revenus. «Nous irons à Rome, tous ensemble, toute l’Italie» des agriculteurs, a affirmé l’un des manifestants, Felice Antonio Monfeli.
Des manifestations improvisées se sont déroulées ces dernières semaines de la Sicile jusqu’au nord du pays. Des convois de tracteurs bloquant les routes sont désormais régulièrement signalés, même si l’ampleur du mouvement n’a pas atteint le niveau des manifestations d’agriculteurs en France, en Allemagne ou en Belgique.
Leurs revendications vont des plaintes envers les réglementations de l’Union européenne à l’impact de l’inflation et du coût du carburant.
France: le convoi d’agriculteurs du sud-ouest accueilli en «héros»
Les agriculteurs partis en convoi, lundi, d’Agen vers Rungis ont été accueillis, samedi, en «héros» lors d’une dernière pause en Dordogne, avant un retour dans leurs exploitations.
Peu avant 13h, un concert de klaxons et d’applaudissements a salué l’arrivée d’une cinquantaine de tracteurs de la Coordination rurale à un rond-point de Bergerac, où le syndicat a organisé un pique-nique avec environ 400 amis, proches et soutiens, parfois au bord des larmes.
«C’est incroyable tout ce monde qui est là pour nous accueillir, pour nous dire merci, c’est formidable», a réagi José Pérez, coprésident de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, à l’origine du convoi.
En Roumanie, agriculteurs et routiers cessent leur action après un accord
Des agriculteurs et transporteurs routiers roumains, qui avaient été parmi les premiers, en Europe, à crier leur «ras-le-bol» en bloquant des axes routiers, ont commencé à lever le camp samedi, suite à l’annonce d’un accord avec leur gouvernement.
Les manifestants sont «satisfaits» d’avoir obtenu une place à la table des négociations, a déclaré l’un de leurs représentants, Danut Andrus. Il s’agissait d’une «condition» pour mettre fin au mouvement, a-t-il expliqué.
Les agriculteurs et les routiers ont progressivement quitté la région de Bucarest pour regagner leurs régions. Depuis plus de trois semaines, ils étaient mobilisés pour des actions coup-de-poing et des opérations escargot en périphérie des grandes agglomérations roumaines.
France: levée de blocages mais...
Des agriculteurs ont suivi le mot d’ordre de la FNSEA et des JA, majoritaires, à lever les blocages après une série de concessions gouvernementales, mais certains veulent poursuivre le mouvement.
Jeudi, des signes de détente se sont multipliés. En soirée, les préfectures ont fait état de levées de barrages un peu partout dans le pays, ou à tout le moins d’allègements, même si des blocages ponctuels ont persisté, selon Matignon.
400'000 euros de dégâts dans l’agglomération d’Agen, selon le maire
Les actions des agriculteurs la semaine dernière ont provoqué 400'000 euros de dégâts dans l’agglomération d’Agen, selon le maire, et la facture s’élève aussi à des centaines de milliers d’euros sur d’autres territoires.
«Je confirme que les dégâts sont estimés à 400'000 euros. Nous devons affiner ces chiffres», a déclaré Jean Dionis du Séjour (MoDem) à un correspondant de l’AFP, confirmant une information du journal Sud Ouest. «L’agglomération en prendra une partie, la ville aussi. La ville va demander à l’État une participation qui serait légitime. Ce sont ses bâtiments qui étaient visés», a-t-il ajouté.
Les mesures d’urgence pour les agriculteurs évaluées au total à 400 millions d’euros
Le total des mesures annoncées par le gouvernement pour apaiser la colère des agriculteurs représente une enveloppe de 400 millions d’euros après de nouvelles annonces jeudi, a indiqué le ministère de l’Economie et des Finances à l’AFP.
Cette enveloppe de 400 millions d’euros inclut la nouvelle annonce faite jeudi par Gabriel Attal de 150 millions d’euros «dès cette année» pour soulager la charge fiscale et sociale des éleveurs, ainsi que le coût de l’abandon d’une hausse de la fiscalité prévue sur le gazole non routier, a précisé le ministère.
Les syndicats veulent de «premiers résultats» d’ici le Salon de l’agriculture
Les syndicats agricoles majoritaires en France posent plusieurs conditions pour ne pas reprendre le mouvement: de «premiers résultats» d’ici le Salon de l’agriculture (24 février-3 mars) puis l’adoption d’une loi d’orientation et d’avenir agricole ainsi que de mesures européennes d’ici le mois de juin.
«Si d’ici le mois de juin, ces marqueurs ne sont pas remplis, nous n’hésiterons pas à re-rentrer dans un mouvement de mobilisation d’ampleur générale», a déclaré Arnaud Gaillot. Les deux responsables des Jeunes Agriculteurs et du syndicat agricole FNSEA ont réclamé un document de synthèse mettant par écrit toutes les annonces du gouvernement. Avant le Salon de l’agriculture, «on a quinze jours pour regarder si tout ça c’est sérieux, c’est crédible, ça tient la route», a déclaré Arnaud Rousseau.
Les syndicats agricoles majoritaires appellent à suspendre les blocages
Les syndicats agricoles majoritaires en France ont appellé jeudi à suspendre les blocages d’agriculteurs dans le pays, après une série d’annonces du Premier ministre Gabriel Attal en faveur du secteur en crise.
«Au vu de tout ce qui avait été annoncé (...), il faut qu’on change de modes d’action et donc nous appelons nos réseaux (...) à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation», a déclaré le président des Jeunes Agriculteurs Arnaud Gaillot, aux côtés du patron du puissant syndicat agricole FNSEA Arnaud Rousseau, qui a lui salué «des avancées tangibles».
Les mesures annoncées répondent «à une grande partie des attentes»
Les mesures annoncées par le gouvernement jeudi sont «de nature à répondre à une grande partie des attentes» des agriculteurs, a estimé Gabriel Attal qui «ne croit pas une seconde qu’aucun agriculteur se complaît dans des blocages».
«On a ouvert une étape majeure aujourd’hui avec des chantiers profonds et une batterie de mesures très importantes et sur beaucoup de chantiers», a-t-il plaidé, en soulignant que «le travail va se poursuivre»
Le gouvernement va relever les seuils d’exonération sur les successions agricoles
Le gouvernement va relever les seuils d’exonération sur les successions agricoles, a annoncé le Premier ministre Gabriel Attal jeudi lors d’une conférence de presse à Matignon, afin d’encourager les jeunes générations à poursuivre les exploitations.
«C’est par les nouvelles générations que nous assurerons la pérennité de notre agriculture», a affirmé M. Attal au cours d’une prise de parole présentant une série d’annonces parmi lesquelles également une mission sur les transmissions agricoles pour faciliter le renouvellement des générations en agriculture, «qui prendra quelques mois» selon le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.
Le Maire annonce des contrôles massifs sur les industriels et les supermarchés
«Toutes les plus grandes chaînes de supermarchés» seront contrôlées dans les prochains jours sur le respect de la loi Egalim qui vise à protéger la rémunération des agriculteurs, a annoncé jeudi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire lors d’une conférence de presse pour répondre à la colère agricole.
Aucun contrat entre distributeurs et industriels, y compris les marques distributeurs, «n’échappera au contrôle de la répression des fraudes», a déclaré le ministre.
Par ailleurs, il a annoncé «10'000 contrôles sur l’origine française des produits» avec des sanctions qui pourront «atteindre 10% du chiffre d’affaires des industriels ou des distributeurs qui auraient fraudé».
Attal demande une négociation sur les céréales ukrainiennes
Le Premier ministre français Gabriel Attal a demandé jeudi que la question de la limitation des importations de céréales ukrainiennes dans l’Union européenne soit incluse dans une négociation.
«Sur l’Ukraine, je l’ai dit, nous avançons avec la création de clauses de sauvegarde, notamment sur la volaille. Il faudra que nous abordions la question des céréales dans le cadre de la négociation qui s’ouvre», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse pour répondre à la crise agricole. L’UE n’a pas inclus les céréales dans les produits «sensibles» sur lesquels les importations peuvent être limitées.
Attal veut empêcher l’importation en France de fruits et légumes traités avec le pesticide thiaclopride
Gabriel Attal a indiqué jeudi qu’il allait prendre «sans délai» une «clause de sauvegarde» pour empêcher l’importation en France de fruits et légumes traités avec le pesticide thiaclopride, un produit interdit en Europe, lors d’une conférence de presse à Matignon.
Cette décision représente selon lui un exemple de «clause de sauvegarde» ou de «mesure miroir» -un mécanisme qui impose aux produits importés de respecter les mêmes règles que celles imposées aux agriculteurs européens-, que la France peut prendre pour éviter «la concurrence déloyale».
«Nous allons renforcer la loi Egalim»
«Nous allons renforcer la loi Egalim» pour protéger la rémunération des agriculteurs, a annoncé jeudi le Premier ministre Gabriel Attal lors d’une conférence de Presse à Matignon après dix jours de mouvement de protestation des agriculteurs.
«Le revenu de nos agriculteurs, c’est la dignité de nos agriculteurs», a-t-il dit. Les deux premières lois dites Egalim 1 et 2, adoptées en 2018 et en 2021 visaient à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix féroces entre supermarchés d’une part, et distributeurs et fournisseurs de l’agro-industrie d’autre part.
Attal annonce 150 millions d’euros pour les éleveurs
L’Etat va consacrer 150 millions d’euros «dès cette année et de façon pérenne» pour soulager la charge fiscale et sociale des éleveurs «qui ont besoin d’un soutien spécifique», a annoncé jeudi le Premier ministre Gabriel Attal.
«Nos éleveurs ont besoin d’un soutien spécifique. C’est pourquoi (...) nous leur consacrerons 150 millions d’euros en soutien fiscal et social dès cette année et de façon pérenne. Un travail avec la filière permettra d’en préciser les modalités», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
France: des supermarchés bloqués dans la nuit en Haute-Loire
Vingt-quatre supermarchés selon la préfecture, une cinquantaine selon les organisateurs, ont été visés et leurs accès bloqués dans la nuit de mercredi à jeudi, par «environ 200 tracteurs», à travers quatre communes de Haute-Loire.
«Environ 200 tracteurs, une cinquantaine pour chacune des quatre villes ciblées, ont déversé des remorques de pneus et de détritus pour bloquer les entrées d’une cinquantaine de sites», a dit à l’AFP Yannick Fialip, président de la commission économie de la FDSEA 43, confirmant une information de France Bleu Haute-Loire. L’objectif de cette action coordonnée: «dénoncer le comportement inapproprié de la grande distribution», qui «met une pression folle sur nos agriculteurs (...) avec des marges étouffantes», et la volonté d’être «payés correctement».
France: conférence de presse de Gabriel Attal à midi
Gabriel Attal tiendra une conférence de presse jeudi à midi à Matignon pour répondre à la colère des agriculteurs qui continuent de manifester en France et de bloquer des routes, a appris l’AFP auprès des services du Premier ministre.
Cette conférence de presse sera tiendra en présence des ministres Bruno Le Maire (Economie), Marc Fesneau (Agriculture), et Christophe Béchu (Transition écologique), a précisé la même source. Le chef du gouvernement a longuement reçu ces jours derniers le syndicat majoritaire de la profession FNSEA.
Les protestations d’agriculteurs gagnent le Portugal
Des centaines d’agriculteurs portugais ont rejoint le mouvement de colère de leurs collègues européens afin de réclamer une «valorisation» de leur activité, en bloquant jeudi matin plusieurs axes routiers dont deux passages à la frontière avec l’Espagne.
Cette journée de mobilisation a été lancée mercredi à l’appel du «mouvement civil des agriculteurs du Portugal», qui se présente comme une initiative spontanée et non partisane. L’initiative n’était pas soutenue par la principale organisation du secteur, la Confédération des agriculteurs portugais (CAP), dans la mesure où celle-ci estime que le gouvernement s’est engagé à revenir sur les coupes prévues.
Pour répondre aux attentes des agriculteurs, le gouvernement a annoncé mercredi des mesures de soutien d’un montant global de 500 millions d’euros environ, afin de les aider notamment à faire face aux conséquences de la sécheresse qui touche particulièrement le Sud du pays. Ces mesures comprennent aussi une baisse de la taxation du gazole non routier.
Intrusion à Rungis: les gardes à vue de 79 agriculteurs levées
Les gardes à vue de 79 agriculteurs interpellés mercredi après une intrusion dans des entrepôts du marché de gros à Rungis, au sud de Paris, ont été levées jeudi matin, a indiqué le parquet de Créteil, sollicité par l’AFP.
Les investigations «vont se poursuivre» dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte mercredi notamment pour dégradation du bien d’autrui en réunion, «en particulier pour l’exploitation des vidéos visant à identifier les principaux auteurs des dégradations», a précisé le parquet.
Orban aux côtés des agriculteurs en colère à Bruxelles
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban est allé mercredi soir à Bruxelles à la rencontre des agriculteurs en colère, se plaçant du côté du «peuple» au moment où il fait face à un front des autres 26 dirigeants européens sur l’aide à l’Ukraine. «C’est une erreur de l’Europe de ne pas prendre au sérieux la voix du peuple», a-t-il déclaré dans une vidéo postée sur son compte Facebook. On le voit déambuler au milieu des tracteurs à la nuit tombée et serrer la main d’un manifestant.
Un millier de véhicules bloquent jeudi plusieurs rues de Bruxelles aux abords d’un sommet des Vingt-Sept, sur fond de grogne du monde agricole à l’égard de la politique européenne et des importations d’Ukraine.
France: le patron du Medef favorable à un accord UE-Mercosur
Le patron du Medef Patrick Martin s’est montré favorable à l’accord UE-Mercosur jeudi, au nom de l’emploi notamment, tout en convenant qu’il faut se «laisser du temps». «Est-on prêt à supprimer 20% des emplois français?», ceux concernés par le secteur de l’exportation, s’est demandé Patrick Martin sur France 2, en soulignant que «si on ferme les frontières à des importations, le pays exportateur fermera ses propres frontières».
«Il faut se laisser du temps et vérifier que les quatre pays sud-américains impliqués (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) respectent le minimum sur le plan environnement et social. On va moins aller vers la Chine, allons vers l’Amérique du sud, le jour venu», a-t-il résumé.
Sommet de l’UE: un millier de tracteurs dans les rues de Bruxelles
Un millier de tracteurs bloquent jeudi plusieurs rues de Bruxelles aux abords d’un sommet des dirigeants des Vingt-Sept, sur fond de colère du monde agricole à l’égard de la politique européenne.
«Il y a mille tracteurs ou engins agricoles», a déclaré à l’AFP un porte-parole de la police, précisant que ces agriculteurs provenaient essentiellement de Belgique.
Dans l'UE, la colère des agriculteurs ne retombe pas
Malgré les concessions de Bruxelles, où se réunissent jeudi les dirigeants européens, la colère des agriculteurs dans l’UE ne retombe pas, notamment en France où les blocages d’axes stratégiques doivent se poursuivre pour la quatrième journée consécutive. Si la colère du monde agricole ne figure pas au menu officiel des discussions du sommet de Bruxelles, plusieurs centaines de tracteurs devraient converger à proximité des lieux de la réunion, devant le Parlement européen, selon les organisateurs.
Mercredi, à la veille du sommet européen, des agriculteurs français et belges ont bloqué «ensemble» un point de passage à la frontière entre les deux pays, dénonçant «la distorsion de concurrence» entérinée par les accords de libre échange, et réclamant «des annonces très fortes» jeudi.
100 à 300 tracteurs attendus à Bruxelles pour le sommet de l’UE
Plusieurs centaines de tracteurs sont attendus jeudi à Bruxelles pour une manifestation d’agriculteurs venus de plusieurs pays dans le quartier européen, en marge d’un sommet des dirigeants des Vingt-Sept, a indiqué mercredi un syndicat wallon.
«Entre 100 et 300 tracteurs vont converger vers Bruxelles. Ils se dirigeront vers la place du Luxembourg» devant le Parlement européen, a indiqué une porte-parole de la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA). Au moins un demi-millier de manifestants devraient être présents, dont des délégations d’agriculteurs français, espagnols et portugais, indique-t-on à la FWA. «Ce sera complètement international», a insisté sa porte-parole.