Un Thorgal spécial qui ne l'est pas tant que ça

C'est devenu une entreprise classique dans le monde de la BD: outre proposer des suites interminables aux aventures des héros les plus célèbres, on invite de grands auteurs à donner leur propre interprétation de ces mythes. C'est souvent très réussi et plus intéressant que la continuation de la série dire classique.

Thorgal, créé par Jean Van Hamme et Grzegrorz Rosinski a déjà connu de nombreuses séries dérivées, qui respectaient la forme et le format de l'originale. L'an dernier, l'éditeur a lancé «Thorgal Saga», la collection qui invite des auteurs et le premier tome, «Adieu Aaricia», par Robin Recht, détonnait clairement d'un Thorgal habituel. Tout en respectant l'univers, le dessinateur avait réussi à y apporter sa touche personnelle. Mission réussie, donc.

Voici le 2ᵉ tome de cette collection: «Wendigo». Mention spéciale à l'extraordinaire couverture d'un Thorgal au visage peint aux couleurs de guerre. L'histoire se déroule en effet aux Amériques. Le héros et sa famille (Louve n'est pas encore née) rentrent du pays Qâ. Mais avant de traverser l'Atlantique, leur barque va être détournée par un serpent marin géant. Car encore une fois, Thorgal est appelé à défier les dieux.

Il devra aider des indigènes à combattre le Wendigo, monstre sanguinaire, qu'il ne pourra tuer qu'avec une flèche taillée dans la plus haute branche d'un arbre colossal.

Le dessin de Corentin Rouge ne cherche pas à imiter celui de Rosinski, il est plus proche d'un Giraud. Normal, puisqu'il s'agit du fils de Michel Rouge, qui assisté Giraud sur un épisode de «Blueberry», qui a repris la série «Marshall Blueberry» après William Vance et «Comanche» après Hermann. Corentin ayant été formé sur certains de ces albums, on comprend d'où vient son graphisme.  

Le scénariste Fred Duval, qui a déjà travaillé avec Corentin Rouge sur un album de «XIII Mystery» et est le créateur des séries «Carmen McCallum» et «Travis», dit n'avoir découvert «Thorgal» que récemment, mais s'y être plongé avec passion. C'est certain qu'il en a bien saisi l'univers puisque ce Wendigo pourrait tout à fait être un Thorgal classique. C'est très bien écrit, magnifiquement dessiné, mais cela a trop le goût d'un vrai Thorgal. Pas de réelle surprise donc pour le lecteur. Or c'est justement ce que l'on avait apprécié dans le premier volume: se différencier des autres.

La seule différence notable, c'est la pagination: 122 pages. Cela doit être un peu rageant pour ceux qui ont dessiné la série classique, Rosinski en tête. Ils n'ont jamais eu droit à tant d'espace.