Le Rocher secoué après des révélations sur la fortune des Grimaldi

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MonacoLe Rocher secoué après des révélations sur la fortune des Grimaldi

Une partie de la fortune de la famille princière de Monaco a été placée dans des paradis fiscaux, révèle une enquête récemment publiée dans «Le Monde», qui s’appuie sur des documents de l’ex-administrateur des biens de la Couronne tombé en disgrâce.

Ces tensions interviennent dans le contexte d’une guerre sévissant en Principauté pour le marché de l’immobilier.

Ces tensions interviennent dans le contexte d’une guerre sévissant en Principauté pour le marché de l’immobilier.

AFP

Déjà secoué par plusieurs scandales autour du marché de l’immobilier, du limogeage de Claude Palmero, administrateur des biens princiers et ex-proche d’Albert II, le richissime micro-Etat de la Côte d’Azur fait l’objet d’une nouvelle tempête après une série d’articles du «Monde» sur la gestion de la fortune des Grimaldi. «Des sociétés offshore ont effectivement été créées au Panama en 1984 du temps de Rainier III», le père d’Albert II, a confirmé à l’AFP Me Jean-Michel Darrois, l’avocat du prince, ajoutant qu’il avait été demandé «à plusieurs reprises» à Claude Palmero de régulariser la situation, «ce qu’il n’a pas fait».

«Depuis que M. Palmero a été remplacé, tout cela est en train d’être liquidé», affirme l’avocat. Selon lui, M. Palmero avait néanmoins cessé depuis plusieurs années de payer les frais de gestion de trois sociétés sises aux îles Vierges britanniques, un autre paradis fiscal, entraînant de facto la radiation de ces sociétés et des difficultés pour rétablir la famille princière dans ses droits. Selon Me Darrois, ces sociétés offshore aux îles Vierges britanniques ont été créées avant 2002, soit également du temps de Rainier III.

«Claude Palmero n’a jamais rien fait à l’insu de ses mandants, bien au contraire, cela a toujours été en parfait accord avec eux et dans leur plus strict intérêt», rétorque Me Marie-Alix Canu-Bernard, l’un des conseils de l’administrateur déchu. Ces placements offshore auraient été décidés pour mettre la fortune des Grimaldi à l’abri d’éventuels regards mal intentionnés ou de la curiosité de la presse, avancent des sources proches du dossier, l’intérêt sur un plan fiscal apparaissant limité à Monaco dont les ressortissants ne sont pas imposés.

Bataille judiciaire

En juin 2023, M. Palmero avait été démis de ses fonctions. Il n’a de cesse de contester devant les tribunaux monégasques, sans succès, son éviction. Il a formé il y a peu un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme, estimant avoir été privé d’un procès équitable. Une plainte a aussi été déposée contre la famille princière pour «abus de faiblesse, tentative d’extorsion et vol» par les avocats de M. Palmero. De leur côté, les Grimaldi ont déposé plainte pour «abus de confiance» et «vol de documents» contre leur ex-argentier.

Les révélations du «Monde» se basent sur les carnets personnels de M. Palmero dans lesquels, selon le quotidien, ce dernier notait scrupuleusement les rendez-vous qu’il avait avec le prince pour régler les affaires de la Principauté et particulièrement celles concernant la gestion de la fortune personnelle de la famille Grimaldi, depuis l’accession au trône d’Albert II en 2005. «Le Monde» affirme que M. Palmero se serait inquiété de certaines dépenses de membres de la famille princière.

Plus de transparence

Ces carnets personnels avaient été saisis l’an dernier dans le cadre d’une autre enquête diligentée par la justice monégasque. Alors que le journal «Monaco-Matin» a accusé M. Palmero de «grand déballage» après la série du «Monde», les avocats de l’ex-administrateur ont rétorqué que ce dernier «n’a rien déballé», soulignant qu’il avait au contraire réaffirmé au quotidien français que «ces cahiers sont confidentiels et n’ont pas vocation à être montrés».

Ces révélations tombent au moment où Monaco, depuis un an, est mise sous pression par le Conseil de l’Europe pour adopter un fonctionnement plus transparent en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption, faisant peser le risque que cette place financière se retrouve placée sur une liste grise de pays soumis à une surveillance renforcée.

(afp)

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