Aide à l’Unrwa«La Suisse a une tolérance zéro pour tout soutien au terrorisme»
Après les accusations d'Israël visant l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, Berne attend plus d'informations avant de prendre une décision sur son financement annuel.
La Suisse a annoncé samedi qu’aucune décision concernant le versement de son aide à l’agence de l’Onu pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) ne sera prise tant que la question de la possible implication de certains de ses employés dans l’attaque du 7 octobre ne sera pas éclaircie.
«Extrêmement préoccupé»
Le Département fédéral des affaires étrangères s’est déclaré «extrêmement préoccupé» par les accusations des autorités israéliennes selon lesquelles plusieurs employés de l’Unrwa pourraient avoir été impliqués dans l’attaque perpétrée le 7 octobre par le mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien.
Le DFAE a précisé que la contribution annuelle de la Suisse à l’Unrwa, d’un montant d’environ 20 millions de francs au cours des dernières années, doit encore être approuvée pour l’année 2024. «Les contributions à l’Unrwa prévues pour 2024 n’ont pas encore été versées. Il ne sera décidé de leur versement que lorsqu’on disposera de plus d’informations sur les graves accusations portées contre des collaborateurs de l’Unwa», a souligné le ministère.
Aide versée par tranches
À Berne, le Conseil national avait tenté lors des débats sur le budget en décembre de retirer l’Unrwa de la liste des bénéficiaires des contributions annuelles, mais le Conseil des Etats s’y est opposé. Le parlement a abouti à un compromis consistant à réduire de 10 millions de francs le financement de l’ensemble de l’aide humanitaire, sans préciser où serait ponctionnée cette coupe.
«Comme le Parlement l’a décidé lors de la session d’hiver, les fonds humanitaires destinés au Proche-Orient ne seront versés en 2024 qu’après consultation des commissions de politique extérieure et par tranches. Ces consultations n’ont pas encore eu lieu», a souligné le DFAE. «La Suisse a une tolérance zéro pour tout soutien au terrorisme et tout appel à la haine ou incitation à la violence. Elle attend la même intransigeance de ses partenaires. La Suisse attend aussi que des mesures immédiates soient prises en cas d’allégation crédible», a ajouté le ministère.
Faire «toute la lumière»
Le DFAE a également noté que l’Unrwa avait pris «la décision de licencier les employés accusés avec effet immédiat et d’ouvrir une enquête. La Suisse attend de l’enquête qu’elle fasse toute la lumière sur ces graves allégations», a-t-il conclu.
L’attaque du 7 octobre a entraîné la mort d’environ 1140 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. En riposte, Israël a juré «d’anéantir» le Hamas, qui gouverne Gaza depuis 2007, et lancé une vaste opération militaire ayant fait 26'257 morts, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon un bilan actualisé samedi du ministère de la Santé du mouvement islamiste.
L’aide à l’Unrwa déjà suspendue par 6 pays
Six pays ont suspendu en vingt-quatre heures tout financement futur à l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), après des accusations vendredi selon lesquelles des employés pourraient avoir été impliqués dans l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre. Israël, qui espère «faire cesser» toutes les activités de l’agence, a affirmé vouloir s’assurer que l’Unrwa «ne fera pas partie» de la solution dans le territoire palestinien après la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.
Pour l’Autorité palestinienne, l’Unrwa a besoin d’»un soutien maximal» et «non qu’on lui coupe soutien et assistance». Les Etats-Unis avaient immédiatement annoncé vendredi l’arrêt temporaire de toute contribution financière future à l’Unrwa, suivis par le Canada, l’Australie, l’Italie, le Royaume-Uni et la Finlande.