Procès à LyonLes 3 braqueurs toujours en fuite ont été les plus lourdement sanctionnés
La cour d’assises du Rhône a condamné les malfaiteurs qui avaient opéré en Suisse romande en 2017 à des peines allant de 7 à 20 ans de prison.
Six malfaiteurs, dont trois en fuite, ont été condamnés vendredi à Lyon à des peines allant de 7 à 20 ans de prison ferme pour avoir braqué un fourgon blindé avec un butin record de plus de 40 millions d’euros, commis en Suisse romande, près de Nyon, en 2017.
La cour d’assises du Rhône a sanctionné de la peine la plus lourde – 20 ans de réclusion – les trois absents, des récidivistes au casier judiciaire chargé. Les trois qui se sont présentés à la justice ont respectivement été condamnés à 16, 12 ans et 7 ans de prison après cinq jours de débats.
«Dans le haut spectre de la criminalité»
Le verdict est globalement conforme aux réquisitions de l’avocat général Eric Mazaud qui situait les six hommes «dans le haut spectre de la criminalité» pour cette attaque menée selon lui avec «un haut niveau de préparation» et une «quasi professionnalisation».
Les jurés ont cependant été plus indulgents avec l’un des six jugés pour «vol en bande organisée avec arme», «enlèvement et séquestration», en prononçant une peine de sept ans, au lieu des neuf requis par le ministère public.
Interpellés en flagrant délit
Les six accusés, âgés de 32 à 47 ans au moment des faits, avaient été interpellés en flagrant délit le 24 mai 2017 dans une villa de Haute-Savoie. Outre les armes, la police avait saisi sur place un butin faramineux, des sacs pleins de billets de devises du monde entier, des lingots d’or, des bijoux et de pierres précieuses, pour une valeur estimée à 40 millions de francs suisses (42,3 millions d’euros au cours actuel).
Quelques heures plus tôt, cinq d’entre eux interceptaient à bord de trois voitures volées un fourgon de la société Loomis sur l’autoroute dans le canton de Vaud, entre Genève et Lausanne, en se faisant passer pour des policiers équipés de brassards et de gyrophares.
Agents abandonnés
En une poignée de minutes, ils s’emparent du véhicule, enfermant deux convoyeurs ligotés dans le coffre de deux voitures. Une fois passée la frontière de la France, ils abandonnent les deux agents ligotés près de la carcasse incendiée du fourgon après les avoir aspergés de produit pour effacer les traces ADN.
Pendant le procès, les avocats des trois accusés présents ont multiplié les efforts pour minimiser la responsabilité de leurs clients et charger les trois absents.
«Ceux qui connaissaient le projet sont absents, ceux qui ont défini le projet sont absents», a martelé Me Laurent Bizien, conseil de l’homme condamné à 16 ans de prison, le plus âgé de la bande.
Un meneur potentiel
Arrêté à la sortie de la villa au volant d’une fourgonnette transportant la moitié du butin, les enquêteurs l’ont présenté en audience comme un meneur potentiel. Il avait assuré ne pas avoir participé au braquage et Me Bizien avait demandé qu’il soit acquitté du chef de «vol en bande organisée» et jugé uniquement pour recel. Le verdict prononcé, l’avocat a immédiatement annoncé son intention de faire appel.
Un autre homme, un Lyonnais de 42 ans spécialisé dans le vol de voiture, a écopé de 12 ans de prison.
L’un de ses avocats, Me Philippe Scrève, avait souligné qu’il n’appartenait «pas à ce monde du banditisme dans lequel certains avaient peut-être déjà mis les pieds».
Le moins expérimenté repart libre
Le moins expérimenté et le seul non récidiviste de la bande a été condamné à sept ans de détention. Il est reparti libre de la salle d’audience en l’absence de mandat de dépôt prononcé à son encontre, contrairement à ses deux complices présents.
Demandant à la cour de ne pas «le remettre en prison», son avocat avait assuré que le rôle de son client sans «compétence» s’était réduit à «faire le nombre», «pour impressionner les victimes» pendant l’attaque du fourgon .
Les absents dénoncés
Représentant de l’un des convoyeurs et de la société de transport de fonds Loomis, Me Hélène Church avait dénoncé jeudi les absents qui «ont essayé de se substituer à toute forme de justice, à toute forme de rédemption».