Monopole briséLes magasins alternatifs sur iOS, ce sera pour mars
Apple a annoncé des modifications de son système d'exploitation pour permettre cette ouverture. L'Union Européenne affiche sa satisfaction.
Apple a annoncé jeudi des modifications majeures au système d’exploitation iOS qui équipe ses célèbres téléphones portables afin de se conformer à la nouvelle réglementation sur les marchés numériques (Digital Markets Act, DMA).
Ces changements ont été consentis à contrecœur, sous la pression de Bruxelles, le groupe de Cupertino ayant toujours affiché son hostilité au DMA.
Gendarme numérique
La Commission européenne, qui joue désormais le rôle de gendarme du numérique dans l’UE, devra évaluer leur conformité avec la nouvelle législation qui s’appliquera début mars.
Le commissaire européen Thierry Breton a salué vendredi «le changement en cours» après des annonces d’Apple pour adapter ses iPhone aux nouvelles règles européennes, tout en prévenant que l’UE n’hésiterait pas à sévir en cas d’infraction.
«À partir du 7 mars, nous évaluerons les propositions des entreprises, avec l’avis de tiers. Si les solutions proposées ne sont pas assez bonnes, nous n’hésiterons pas à prendre des mesures fortes», a-t-il prévenu.
Concrètement, la marque à la pomme a annoncé qu’elle autoriserait sur ses téléphones à partir de mars des magasins d’applications alternatifs qui entreront en concurrence avec son App Store.
Elle s’ouvrira également aux services de paiement sans contact autres que sa solution Apple Pay.
Le choix d’un navigateur alternatif à Safari sera par ailleurs facilité par l’ouverture automatique d’un menu proposant des solutions concurrentes alors qu’il fallait jusqu’ici aller dans les paramètres pour faire une telle modification.
Nouvelles conditions tarifaires
Ces évolutions sont assorties de nouvelles conditions tarifaires pour les développeurs.
«Les changements sont conformes aux exigences de la loi sur les marchés numériques de l’Union européenne, tout en contribuant à protéger les utilisateurs de l’UE contre les inévitables menaces accrues en matière de confidentialité et de sécurité que cette réglementation entraîne», affirme Phil Schiller, vice-président marketing d’Apple, cité dans un communiqué.
«Même avec ces garanties en place, de nombreux risques demeurent», affirme le groupe de Cupertino, dont la sécurité est l’un des principaux arguments marketing et qui n’a jamais caché son hostilité au DMA. Apple estime aussi que les nouvelles règles entraîneront une «expérience utilisateur moins intuitive».
«Ils font tout un drame»
«C’est la même histoire que pour le chargeur commun: ils font tout un drame, mais ils finissent par se conformer. S’ils s’inquiètent de la sécurité, cela signifie qu’ils n’ont pas bien fait leur travail et que la Commission peut les poursuivre», a confié vendredi à l’AFP un haut fonctionnaire européen.
Apple avait annoncé en septembre qu’il allait intégrer le port universel de chargement dit «USB-C» à sa nouvelle gamme d’iPhone, afin de respecter avec un an d’avance une législation européenne qu’il a longtemps combattue.
La marque à la pomme a construit son succès sur un écosystème fermé dont elle contrôle tous les paramètres, une philosophie en opposition frontale avec les règles européennes de concurrence. Elle l’a toujours défendu en invoquant des impératifs de sécurité et un confort accru pour ses utilisateurs.
Apple pas seule concernée
Le règlement sur les marchés numériques s’appliquera à Apple mais également à cinq autres géants du numérique – Alphabet (Google), Amazon, Meta (Facebook, Instagram), Microsoft et le Chinois ByteDance (TikTok).
Cette législation introduit des règles plus strictes pour endiguer les pratiques anticoncurrentielles dans l’UE. Les entreprises en infraction s’exposeront à des amendes pouvant atteindre 20% de leur chiffre d’affaires mondial en cas de récidive, voire à des mesures de démantèlement dans les cas les plus graves.
Epic annonce le retour de «Fortnite» sur iOS
Dans un tweet publié le 25 janvier, Epic games a annoncé, en réaction aux annonces d'Apple, le retour en 2024 de son jeu vedette, «Fortnite», qui avait disparu de l'Apple Store il y a 4 ans: «Cette année, Fortnite reviendra sur iOS en Europe via l’Epic Games Store (...). Apple, le monde te regarde». Bien qu'ayant adopté un ton iconoclaste, l'entreprise reste imprécise sur la date du retour.
Il est entendu que Fortnite ne va pas revenir sur l’App Store mais plutôt dans un des magasins alternatifs autorisé par le Digital Markets Act européen. En dehors du vieux continent, «Fornite» continuera à ne pouvoir être pratiqué sur iOS qu'en passant par un navigateur internet et le service de jeu dans le cloud de Microsoft. C'était jusqu'ici le seul moyen de contourner le bannissement de «Fortnite» de l'écosystème Apple.
(JChC)