Quand Lavrov douche les espoirs de paix de Cassis

Publié

CommentaireQuand Lavrov douche les espoirs de paix de Cassis

La croisade en solitaire du chef de la diplomatie suisse interpelle.

Eric Felley
par
Eric Felley
Le 16 juin 2021, les relations entre la Russie et la Suisse étaient au beau fixe, lors de l'organisation du sommet entre les États-Unis et la Russie à Genève.

Le 16 juin 2021, les relations entre la Russie et la Suisse étaient au beau fixe, lors de l'organisation du sommet entre les États-Unis et la Russie à Genève.

AFP

La démarche faite par Ignazio Cassis auprès de Sergueï Lavrov en début de semaine à l'ONU à New York s'est soldée par un «niet» du Kremlin. La Russie n'est pas disposée à participer à un Sommet mondial pour la paix en Ukraine, qui pourrait se tenir en Suisse cette année. L'inverse aurait beaucoup surpris.

«La Russie n’est pas prête à examiner les offres de médiation pour des pourparlers avec l’Ukraine émanant de pays qui ont adhéré aux sanctions anti-russes». Cette déclaration de Sergueï Lavrov ne date pas d'hier. Elle date du 16 mars 2022, soit moins d'un mois après le début de l'invasion russe en Ukraine. 

Près de deux ans plus tard, Moscou n'a pas changé d'avis. La poursuite par la Suisse des sanctions occidentales, le gel des avoirs russes (7,6 milliards) et ses velléités de rapprochement avec l'OTAN continuent de la placer dans le camp favorable à l'Ukraine. L'accueil chaleureux de Volodymyr Zelensky à Berne et au WEF de Davos n'a pas été de nature à modifier la perception russe, au contraire.

La victoire, pas la paix

Porte-parole du DFAE, Nicolas Bideau prend acte du refus russe de coopérer à l'initiative helvétique: «Ce qui nous intéressait, c'était d'entendre la Russie, et Sergueï Lavrov notamment, sur sa perception d'une voie possible vers la paix». Et de toute évidence, son chef, Vladimir Poutine, ne veut pas d'une paix négociée à Genève, mais une victoire sur le terrain et imposer ses conditions. 

Ignazio Cassis a prévu de continuer à rallier un maximum de pays à la cause de son sommet mondial pour la paix. Il doit se rendre dès dimanche en Inde, en Corée du Sud, en Chine et aux Philippines. Cette croisade en solitaire du chef de la diplomatie suisse interpelle tout de même.

D'un côté, on ne saurait lui reprocher de tenter quelque chose pour la paix. Mais de l'autre, on sent qu'il a peu de cartes en mains pour faire converger les puissants de ce monde à Genève. «Tu n'as aucune chance, mais saisis-la», dit la maxime de Schopenhauer.

Ton opinion

84 commentaires