Plus de 9300 mineurs auraient subi des abus sexuels depuis 1946

Jusqu’à 9355 mineurs pourraient avoir été abusés sexuellement depuis l’après-guerre au sein de l’Église protestante allemande, selon les conclusions de chercheurs à qui l’Église avait demandé de mener l’enquête sur ces faits, pour lesquels elle a demandé «de tout cœur pardon» jeudi.

Selon ce rapport présenté à Hanovre, qui étudie la période en Allemagne après 1946, 2225 cas d’abus sexuels ont pu être formellement documentés, impliquant 1259 coupables, écrivent-ils, estimant que ce nombre n’est que le «sommet de l’iceberg», car ils n’ont pas pu étudier tous les dossiers.

Un chiffre néanmoins sous-estimé par rapport à la réalité, faute d’accès à tous les documents, selon l’un des experts, Harald Dressing, chercheur à l’Institut central pour la santé mentale de Mannheim, qui a évoqué jusqu’à quatre fois plus de victimes. Selon son estimation, le nombre de coupables potentiels pourrait s’établir à 3500.

Commandé par l’Église protestante allemande, ce rapport de plus de 800 pages a été établi par des experts de plusieurs universités et instituts allemands. L’évêque de Hambourg, Kirsten Fehrs, l'actuelle présidente du Conseil protestant en Allemagne, a demandé «de tout cœur pardon aux innombrables victimes devant lesquelles l’institution s’est rendue coupable».

Reconnaissant être «bouleversée par la violence épouvantable subie par tant de personnes» en son sein, l’Église protestante a promis d’agir et de tirer les conséquences de cette étude: en novembre 2024 devrait être présenté un plan de mesures concrètes, après des discussions entre l’Église et des représentants de victimes.

Selon Harald Dressing, dans l’étude des cas d’abus sexuels, l’Église protestante allemande fait moins bien que sa cousine catholique, qui a pourtant elle-même été très critiquée. «Quand on compare les deux, l’Église protestante fait moins bien», a affirmé l’expert lors de la conférence de presse de présentation, pointant du doigt le manque de documents fournis pour l’étude.

Dans l’Église catholique allemande, une enquête universitaire, publiée en 2018, avait dévoilé que 3677 enfants avaient subi des violences sexuelles perpétrées par des membres du clergé entre 1946 et 2014. Comme pour l’Église protestante, le nombre réel des victimes est jugé plus élevé, les auteurs du rapport n’ayant pas eu accès à toutes les archives de l’institution.