Bande dessinéeLe Suisse Baladi a la BD dans le sang
Le dessinateur raconte un huis clos dans une librairie en 1994, qui est un cri d'amour au genre.
- par
- Michel Pralong
Ce qu'il a de bien avec Alex Baladi, c'est qu'on est toujours surpris. Souvent en bien, parfois en mal, mais c'est à chaque fois inattendu, tant il varie les genres à chaque fois. L'auteur né à Vevey (VD) et qui vit entre Berlin et Genève a notamment été l'invité d'honneur de BFDIL en 2019.
Son nouvel album, «Un monde en pleine mutation» aborde un sujet qu'il connaît bien: la BD. L'action se déroule dans un lieu unique en 1994: une petite librairie BD. Nabil, le libraire, va laisser trois ados passionnés dessiner leurs propres pages dans un coin de sa boutique. L'occasion de parler des goûts de chacun et de l'histoire de la BD en général.
Le «High Fidelity» de la BD
Si l'on voulait oser une comparaison, on dirait que ce livre est à l'amour de la BD ce que le film «High Fidelity» était à l'amour de la musique. Baladi, en tant que digne fondateur de la Fabrique de Fanzines en profite également pour faire l'éloge du fanzine, deux de ses «apprentis» tentant d'en réaliser un.
On peut être moins d'accord avec ses personnages, surtout le libraire, semblant mettre en opposition la BD d'auteur aux grands classiques et refusant de vendre Tintin jugé comme raciste. Le fanzine et la BD d'auteur sont certes des pépinières d'originalités, mais qui ne riment hélas pas toujours avec talent. Et la BD est un art suffisamment jeune pour ne pas cracher sur ses grands héros, qui ont eu le succès commercial qu'ils méritaient et qui dérange justement beaucoup certains.
La conclusion, 30 ans plus tard
Mais «Un monde en pleine mutation», dont la couverture montre le mini-crayon utilisé par l'un des trois novices, dit surtout que c'est en aimant la BD qu'on peut en faire de bonnes et avec peu de moyens. La conclusion 30 ans plus tard ne manque ni de tendresse ni de nostalgie. Elle achève une lecture très agréable.