Moscou: ardent nationaliste russe condamné à quatre ans de prison

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MoscouLa Russie condamne un ardent nationaliste russe à la prison

Igor Guirkine, 53 ans, vétéran des combats en Ukraine en 2014 et devenu un opposant, a écopé de quatre années de prison.

L'opposant nationaliste russe Igor Guirkine.

L'opposant nationaliste russe Igor Guirkine.

AFP

La Russie mène une vaste campagne de répression des critiques du Kremlin, mais c’est la première fois qu’une figure en vue de cette mouvance nationaliste est condamnée. La justice russe a condamné jeudi à quatre ans d’emprisonnement Igor Guirkine, ardent nationaliste russe et vétéran des combats en Ukraine en 2014, soutien de l’offensive contre Kiev et devenu un détracteur du Kremlin. La juge a reconnu l’accusé coupable «d’appels publics à commettre des actions extrémistes» et l’a condamné à purger une peine de quatre années de camp, selon une correspondante de l’AFP à l’audience.

«Je sers la Patrie!», a réagi, vêtu de noir, M. Guirkine, s’exprimant depuis la cage en verre réservée aux accusés et qui était entourée de policiers portant des gilets par balle. Plusieurs dizaines de ses soutiens étaient présents, certains portant des symboles patriotiques russes et anti-ukrainiens. «Liberté pour Strelkov!», le nom de guerre d’Igor Guirkine, a scandé plusieurs fois la foule. «Tout le monde a gagné, sauf les Russes!», ont lancé d’autres personnes. Son avocat a annoncé qu’il fera appel. «L’accusation est totalement absurde, mon mari est un héros du Printemps russe», nom donné par les prorusses au soulèvement séparatiste en Ukraine de 2014, a déclaré sa femme, Miroslava, après l’audience.

Trois militants du parti «Autre Russie», créé par l’écrivain Edouard Limonov (1943-2020), ont été interpellés par la police devant le tribunal après l’audience pour avoir manifesté leur soutien au condamné, ont constaté des journalistes de l’AFP. Au moins l’un d’entre eux tenait une affichette barrée du slogan «Liberté pour Strelkov».

Poutine «minable»

Populaire sur les réseaux sociaux, ex-commandant des séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, Igor Guirkine est un soutien de l’offensive russe contre l’Ukraine, mais a dénoncé pendant des mois l’incompétence, selon lui, des autorités russes. Sur son compte Telegram, il est allé plus loin que d’autres nationalistes en critiquant le président Vladimir Poutine lui-même, quand d’autres ciblaient ministres et généraux.

Guirkine avait été arrêté en juillet, un mois après la rébellion avortée d’un autre critique virulent de l’état-major russe, le chef du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, tué depuis dans l’explosion de son avion, présentée comme un accident par le Kremlin. Le Parquet avait requis 4 ans et 11 mois de camp à son encontre, lors d’un procès qui s’est tenu entièrement à huis clos. Dans l’un de ses derniers messages avant son arrestation, M. Guirkine attaquait, sans le nommer, Vladimir Poutine. Il affirmait qu’un «minable» dirigeait la Russie et qu’elle ne supporterait pas «six années de plus de ce lâche au pouvoir».

Condamné aux Pays-Bas

Il avait aussi annoncé fin août, depuis sa prison, son intention d’être candidat à l’élection présidentielle de mars prochain, pour remplacer le président russe. M. Guirkine, 53 ans, s’était fait connaître au printemps 2014 en devenant le plus médiatique et l’un des plus influents chefs militaires des séparatistes qui avaient pris les armes à l’instigation de la Russie dans l’est de l’Ukraine. Ancien colonel du FSB, les services de renseignement russe, il avait organisé les premières milices armées et gouverné d’une main de fer le bastion séparatiste de Sloviansk, occupant ensuite le poste de ministre de la Défense de la république autoproclamée de Donetsk.

Dès août 2014, il avait annoncé sa démission, avant de revenir en Russie où il avait perdu toute influence jusqu’à l’offensive russe contre l’Ukraine en février 2022, qui lui avait permis de revenir en grâce temporairement. Mi-novembre 2022, la justice néerlandaise l’a condamné par contumace à la perpétuité pour meurtre et pour avoir joué un rôle dans la destruction, au-dessus de l’est de l’Ukraine, du vol MH17 de la Malaysia Airlines en 2014 qui avait fait 298 morts.

Dans une autre affaire, la justice russe a condamné jeudi à 27 ans de prison Daria Trepova, une jeune femme de 26 ans accusée du meurtre à l’explosif en avril 2023 d’un blogueur nationaliste russe spécialisé sur l’assaut contre l’Ukraine.

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