FranceLe gouvernement attendu face à la colère des agriculteurs
Les agriculteurs français poursuivent ce jeudi leurs actions et attendent de pied ferme une réponse du gouvernement à leur demande d’aides «immédiates».
Les agriculteurs français poursuivent jeudi leurs actions et attendent de pied ferme une réponse du gouvernement à leur demande d’aides «immédiates» de plusieurs centaines de millions d’euros.
La grogne des agriculteurs touche aussi d’autres grands pays agricoles européens et la Commission européenne réunit jeudi organisations agricoles, secteur agroalimentaire, ONG et experts pour tenter de calmer la colère.
En France, de premières mesures devraient être annoncées jeudi ou vendredi, a-t-on appris de sources concordantes au sein de l’exécutif.
Attal à la manoeuvre
Après les organisations représentatives des agriculteurs, le Premier ministre français Gabriel Attal doit réunir jeudi les ministres de l’Agriculture, de la Transition écologique et de l’Economie.
Une journée sous haute tension, alors que le mouvement, endeuillé par les décès accidentels d’une éleveuse et de sa fille mardi sur un barrage routier, a encore pris de l’ampleur mercredi. Les actions doivent se poursuivre jeudi, sur les autoroutes, rocades et ronds-points.
A la suite de la Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA, premier syndicat d’agriculteurs) et de la Coordination rurale, la Confédération paysanne --troisième syndicat d’agriculteurs, classé à gauche-- a appelé à la mobilisation.
«Ras-le-bol général», «exaspération», «l’agriculture va mal», «pessimisme»:en France, la fronde partie du Sud-Ouest du pays la semaine dernière prend de l’ampleur avec de nombreux blocages routiers dans le pays.
«Attendre jusqu’à vendredi pour avoir des annonces, c’est prendre beaucoup de risques. Plus on attend, plus il va falloir qu’elles soient costaudes, les mesures», avait mis en garde Karine Duc, co-présidente de la Coordination Rurale du département du Lot-et-Garonne (Sud-Ouest).
A Rennes (Ouest), une manifestation est organisée en matinée par la Coordination rurale. Des pêcheurs pourraient s’y joindre.
Nouveaux blocages
Juste au nord de Paris, dans l’Oise, une cinquantaine de tracteurs n’excluent pas d’avancer vers la capitale française en fonction des annonces du gouvernement – même si le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a écarté «à ce stade» un éventuel blocage.
En Occitanie (Sud-Ouest), point de départ de la protestation agricole, l’autoroute reliant Toulouse à Bayonne restait coupée mercredi soir à 40 km de Toulouse pour la huitième journée consécutive.
Des interdictions de circulation touchaient d’autres autoroutes au nord d’Avignon et de Marseille (Sud-Est). De nouveaux blocages et fermetures d’autoroutes sont prévus jeudi dans plusieurs régions.
Mercredi, la tension est montée d’un cran en fin de journée à Agen dans le Lot-et-Garonne quand des membres de la Coordination rurale ont brûlé de la paille et des pneus devant la préfecture, sous les yeux de forces de l’ordre impassibles.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a donné mercredi soir des consignes de «grande modération» aux préfets, leur demandant de ne faire intervenir les forces de l’ordre qu’en «dernier recours».
«Ne cédez pas à la tentation de certains de semer le trouble», a aussi appelé Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs (JA) lors d’une présentation en direct sur X.
Doléances
Cultivateurs et éleveurs partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre désir de produire et nécessité de réduire l’impact sur la biodiversité et le climat, sur fond de revendications très diverses: marges de la grande distribution, jachères, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole...
Des annonces immédiates sont possibles, comme une ristourne sur le carburant des tracteurs.
La FNSEA a réclamé mercredi soir au gouvernement des «réponses immédiates sur la rémunération» dont une aide d’urgence aux «secteurs les plus en crise», et, à plus long terme, la mise en œuvre d’un «chantier de réduction des normes».
«On parle de plusieurs centaines de millions d’euros», a reconnu son président auprès de l’AFP.
Ce n’est «pas une base de négociations», a averti Arnaud Rousseau, appelant le gouvernement à prendre en compte «l’intégralité» de leurs propositions.