Candidat à la présidentielle russeBoris Nadejdine espère le «début de la fin de l'époque Poutine»
Opposant à la guerre en Ukraine et critique de la politique de Poutine, il tentera de le battre aux élections du 17 mars.
Boris Nadejdine, seul opposant à l’offensive en Ukraine à tenter de faire enregistrer sa candidature à la présidentielle russe de mars, a dit mercredi à l’AFP espérer que l’élection marquera le «début de la fin» pour Vladimir Poutine.
Un engouement inattendu
Peu connu du grand public, ce vétéran de la vie politique a suscité un engouement inattendu ces derniers jours. Des dizaines de milliers de Russes se sont mobilisés pour signer la pétition nécessaire à l’enregistrement de sa candidature en vue du scrutin qui se déroulera sur trois jours, du 15 au 17 mars.
Il ne se fait guère d’illusions, tant la réélection de Poutine, au pouvoir depuis 2000, semble évidente. «Je sais bien que ce sera dur de battre Poutine le 17 mars de cette année. La force est de son côté, le système sécuritaire est de son côté, et un nombre important de gens qui n’ont jamais vu autre chose que Poutine à la télé sont de son côté», dit cet homme de 60 ans, avec bouc et cheveux gris coupés ras.
«Mais j’espère que le 17 mars marquera peut-être la fin, le début de la fin de l’époque Poutine», ajoute-t-il.
Favorable à la fin de la guerre en Ukraine
«Je suis le seul candidat encore en lice qui critique systématiquement la politique du président Poutine et qui est favorable à la fin de l’opération militaire spéciale», dit-il, utilisant l’euphémisme de rigueur pour évoquer l’offensive en Ukraine, les termes «guerre» et «invasion» étant passibles de prison.
«Ma candidature donne aux gens une occasion unique de protester légalement contre la politique actuelle», relève l’ancien conseiller de Boris Nemtsov, opposant assassiné en 2015. «Je ne m’attendais pas à un tel soutien, imaginez le soutien que j’aurais si on me laissait parler à la télévision !»
«Je pense que ce serait la seule vraie raison pour laquelle les autorités pourraient tenter de ne pas m’enregistrer» comme candidat, ajoute celui qui dit connaître Vladimir Poutine depuis 1997 et s’opposer à lui depuis 2003 et l’arrestation de l’ex-oligarque et opposant Mikhaïl Khodorkovski.
Il veut une Russie «pacifique et libre»
Nadejdine a jusqu’au 31 janvier pour remettre au moins 100'000 paraphes de soutien à la Commission électorale, mais celle-ci peut rejeter sa candidature si elle estime ces listes de soutiens erronées ou falsifiées.
S’agissant de l’Ukraine, l’opposant qualifie de «cauchemar» l’offensive russe, y voyant une «décision personnelle» d’un Poutine qui «concentre trop de pouvoir». L’opposant assure qu’en tant que président, il arrêterait le conflit, négocierait une solution avec Kiev comme avec les Occidentaux, mettrait fin à la «militarisation» de la Russie et libérerait «tous les prisonniers politiques». Il ne s’avance cependant pas sur l’avenir des territoires ukrainiens, environ 20% du pays, dont Poutine a revendiqué l’annexion.
«Je participe aux élections pour faire de la Russie un pays pacifique et libre, un pays où les gens ne sont pas emprisonnés pour leurs convictions (...) un pays qui n’essaie pas d’agrandir son territoire avec son armée», a-t-il martelé.
Pas ciblé par le Kremlin?
Boris Nadejdine dit ne pas avoir confiance dans le système électoral, mais relève que plus les citoyens voteront, plus le résultat sera difficile à falsifier.
Interrogé sur la raison pour laquelle il n’a pas été ciblé par la machine répressive russe, Nadejdine dit ne pas savoir, mais suppose que le Kremlin ne le voit pas comme une menace. «Je pense qu’ils savent qui je suis, et apparemment ne me considèrent pas comme une terrible menace. Mais je ne peux que supposer», dit-il.