Genève35'000 suffrages falsifiés lors des élections 2023
Deux jurés ont modifié près de 1000 bulletins. L'un s'en est remis à la protection de marabouts.
- par
- Eric Felley
Lors des élections genevoises cantonales d'avril 2023, deux jurés ont été pris la main dans le sac pour avoir falsifié des bulletins. En tout, cela a concerné 35 000 suffrages, qui, malgré l'ampleur, n'ont pas eu d'incidence sur le résultat des élections. Selon une information de «20 minutes», les deux jurés ont été condamnés pour fraude électorale à 60 et 120 jours-amende avec sursis et des amendes d'environ 2000 francs.
L'un des deux a changé 31'000 suffrages en falsifiant quelque 530 bulletins. Il a systématiquement favorisé des candidats de gauche en attribuant des suffrages supplémentaires à Fabienne Fischer (V), Jean-Pierre Tombola (PS), Antonio Hodgers (V), Thierry Apothéloz (PS) et Carole-Anne Kast (PS). Dans l'autre sens, il a supprimé des suffrages à Nathalie Fontanet (PLR), Mauro Poggia (MCG), Anne Hiltpold (PLR), Pierre Maudet (LJS) et Céline Amaudruz (UDC).
Envouté par les candidats de gauche
Le plus étrange dans cette affaire réside dans les explications du coupable à la justice. Au jour du dépouillement, il aurait été dans une mauvaise passe, stressé et en manque de sommeil. Il aurait pris alors du Rispéridone, «un médicament contre la schizophrénie fourni par son beau-frère». Sur le chemin de l'Uni Mail, il a aperçu une affiche des candidats de gauche, qui l'aurait comme «envouté» par leurs noms qui «tournaient dans sa tête».
Après le dépouillement, le juré a pris contact avec des marabouts pour se «protéger» et «attacher mystiquement» la cheffe de salle dans laquelle il avait travaillé le 2 avril: «Trois chèvres ont été sacrifiées, son poids en riz a servi d'offrande». Il faut le lire pour le croire.
Le deuxième cas est moins spectaculaire. Le juré a modifié 410 bulletins pour 3900 suffrages. Selon ses explications, il était «stressé par la procédure» et avait «priorisé la quantité».
Double contrôle
C'est la première fois que la Chancellerie genevoise observe de telles fraudes. Dans les deux cas, le système de surveillance du dépouillement a parfaitement fonctionné grâce à un double contrôle lors de la saisie des bulletins. La justice souligne que même si les corrections n'avaient pas été faites,« la répartition des sièges aurait été la même que celle publiée dans la soirée du 2 avril 2023».