Un Valais coupé en deux sur sa nouvelle Constitution

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Votation du 3 marsUn Valais coupé en deux sur sa nouvelle Constitution

Entre progressistes et conservateurs, le vote sur la nouvelle Constitution promet d'être serré.

Eric Felley
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Eric Felley
La population valaisanne constitue bien un puzzle à réunir.

La population valaisanne constitue bien un puzzle à réunir.

Getty Images/iStockphoto

Lancée en 2015 par un comité citoyen, la révision totale de la Constitution valaisanne, datant de 1907, arrive à bout touchant. Le 3 mars prochain, les Valaisannes et les Valaisans se prononceront sur un texte riche de 190 articles. Le résultat demeure incertain. Le Valais est coupé en deux entre progressistes et conservateurs, entre habitants de la plaine et des montagnes ou entre francophones et germanophones. 

Résultat d'un marathon législatif de quatre ans, de milliers d'heures de boulot, des centaines d'amendements, autant d'apéritifs et de compromis, la nouvelle Constitution a été adopté par 87 voix à 40 en avril 2023. S'y sont opposés majoritairement les représentants de la droite: l'UDC et le Centre du Haut.

De 5 à 7 conseillers d'État

Le nouveau texte garde la protection divine en préambule, tandis qu'il fait évoluer le Valais institutionnel. Les 13 districts actuels deviennent six régions et les préfets disparaissent (mais le drapeau conserve 13 étoiles). Le Conseil d'État passe de 5 à 7 membres. Les communes de plus de 5000 habitants devront introduire un Conseil général. Dans la justice, l'appartenance politique des juges cantonaux et des procureurs est supprimée et un Tribunal de la famille est créé. Notons également l'instauration d'un congé parental au plan cantonal.

Droit de vote pour les étrangers

Plus délicat, la nouvelle Constitution prévoit le droit de vote et d’éligibilité sur le plan communal pour les étrangers, détenteurs d’une autorisation d’établissement et installés en Valais depuis un an au moins. Cet article fera cependant l'objet d'un vote séparé, afin d'éviter qu'il ne coule l'ensemble.

Au début janvier, les pour et les contre ont lancé leurs campagnes. D'un côté, le PS du Valais romand, le PLR, les Verts et le mouvement Appel Citoyen sont clairement pour. En face, l’UDC du Valais romand, l’UDC du Haut, les jaunes du Haut et le Centre du Haut sont contre. Le Centre du Valais romand, même si ses membres à la Constituante ont largement soutenu le nouveau texte, laisse la liberté de vote.

Des avis divergents à l'interne

A l'interne des partis, les avis divergent. Ainsi retrouve-t-on au Centre l'ex-conseiller aux Etats, Jean-René Fournier, dans le camp du non, et la présidente de Martigny-Combe, Florence Carron Darbellay, dans le camp du oui. Au PLR, le président du PLR valaisan, Florian Piasenta, est pour, tandis que le président de la Chambre valaisanne d'agriculture, Willy Giroud, est contre. Deux exemples parmi d'autres. 

Selon un sondage publié en septembre dernier, la population valaisanne se divisait en trois tiers: l'un pour, l'autre contre et le troisième indécis. Dans le Valais romand, la nouvelle Constitution a de bonnes chances de convaincre une majorité. Mais dans le Haut-Valais, ce sera une autre affaire.

Haut-Valais

Les Haut-Valaisans estiment que ce texte ne leur donne pas suffisamment de garanties de représentation. Seul un poste de conseiller d'État sur 7 leur serait garanti. Ils n'ont pas obtenu un poste garanti au Conseil des États à Berne. Au Grand Conseil, ils pourraient aussi perdre de la substance. En raison d'une démographie à la baisse, ils n'ont cessé de perdre du poids au Parlement. Actuellement, ils sont 32 sur 130 et ils pourraient perdre encore quelques plumes, car la nouvelle Constitution modifie l'assiette électorale pour la répartition des sièges en fonction du nombre de résidents (étrangers compris), plutôt que les seuls nationaux, comme c'est le cas aujourd'hui. Une situation qui profiterait au Valais romand plus peuplé.

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