PaludismeLe Cameroun lance la première vaccination systématique au monde
Pour l'OMS, il s'agit d'une «étape historique» dans la lutte contre cette maladie parmi les plus meurtrières chez les enfants africains.
Le Cameroun, vaste pays d’Afrique centrale de quelque 28 millions d’habitants, a lancé lundi la première campagne de vaccination systématique et à grande échelle au monde contre le paludisme, une «étape historique» selon l’OMS dans la lutte contre cette maladie parmi les plus meurtrières chez les enfants africains.
Noah Ngah, un nourrisson de six mois, a reçu sa première injection du vaccin RTS,S sous les encouragements et les chants des infirmières d’un petit hôpital de la ville de Soa, à 20 km de la capitale Yaoundé. Un soulagement pour Hélène Akono, la mère de Noah, qui patiente pour son frère jumeau. «Certains parents sont réticents, mais moi je sais que les vaccins sont bons pour les enfants», a-t-elle confié à l’AFP.
Un enfant meurt chaque minute
Le paludisme, également appelé malaria, est une maladie transmise à l’être humain par les piqûres de certains types de moustiques. Elle tue plus de 600'000 personnes chaque année, dont 95% en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et sur le continent, les enfants de moins de 5 ans comptent pour plus de 80% des décès.
Plus de 300'000 doses du vaccin antipaludique RTS,S, du groupe pharmaceutique britannique GSK, le premier à avoir été validé et recommandé par l’OMS, avaient été livrées au Cameroun le 21 novembre. Il a fallu deux mois pour organiser le début de cette campagne durant laquelle l’injection antipaludique est proposée gratuitement, selon le gouvernement, et systématiquement à tous les enfants de moins de six mois, en même temps que les autres vaccins classiques.
Le RTS,S a été testé depuis 2019 dans des «programmes pilotes» dans trois pays africains, le Kenya, le Ghana et le Malawi, dans un nombre limité de lieux.
Baisse de la mortalité
Le programme pilote avait «entraîné une baisse spectaculaire de 13% de la mortalité, toutes causes confondues, chez les enfants en âge de recevoir le vaccin, ainsi qu’une réduction substantielle des formes graves du paludisme et des hospitalisations», concluait l’OMS en novembre.
En Afrique, «un enfant de moins de 5 ans meurt du paludisme pratiquement toutes les minutes», souligne l’OMS, qui salue lundi «l’introduction» du vaccin «dans les programmes de vaccination essentiels» et «de routine» dans les pays à risque. Les prochains pays à se lancer dans la vaccination à grande échelle, dans les jours ou semaines qui viennent, après avoir déjà reçu 1,7 million de doses de RTS,S, sont le Burkina Faso, le Liberia, le Niger et la Sierra Leone, précise l’OMS.
«La mise en œuvre à grande échelle de la vaccination antipaludique» est «une étape historique» qui «pourrait changer la donne en matière de lutte contre le paludisme et sauver des dizaines de milliers de vies chaque année», estimait l’OMS fin novembre. «Une avancée révolutionnaire» et «une lueur d’espoir», a salué son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus à l’occasion de la livraison du RTS,S au Cameroun.