La Chaux-de-Fonds (NE)Le prof qui a couché avec des élèves conteste ses licenciements
Un enseignant viré de deux écoles suite à des relations intimes avec trois élèves a recouru contre cette sanction.
- par
- Vincent Donzé
Pénalement, l'affaire est classée, mais à La Chaux-de-Fonds, l'enseignant accusé de relations intimes avec trois élèves majeures sexuellement s’oppose à ses licenciements au lycée Blaise-Cendrars et dans une école d'art cantonale, selon le média «ArcInfo».
Suspendu, puis licencié le 22 novembre dernier avec effet au 29 février prochain, dans le respect du délai légal, l'enseignant a entretenu des relations sexuelles consenties entre 1999 et 2021 avec des élèves âgées de 17 à 19 ans pour l'une, de 19 à 21 ans pour les autres.
L'entier du salaire
Le 9 janvier dernier, l'enseignant a formulé deux recours qui seront traités par la Cour de droit public du Tribunal cantonal. Son avocat demande le versement de l'entier du salaire pendant la procédure, par la restitution d'un effet suspensif.
Pour l’avocat de la défense, cité par «ArcInfo», la sanction est «disproportionnée», sachant qu'aucun chef d’accusation n’a été retenu. Vu le rapport hiérarchique existant entre un professeur et ses élèves, la qualification d’actes d’ordre sexuel avec des personnes dépendantes a été envisagée, mais abandonnée.
Relations consenties
Aucune victime présumée n’a porté plainte, estimant avoir entretenu des «relations consenties et sans contrainte», selon le procureur chargé de l'affaire, cité par «ArcInfo». Aucun chef d’accusation n’a été retenu, pas même la contrainte psychologique.
Pour le Département de la formation, le lien de confiance est rompu avec cet enseignant dont les qualités professionnelles sont reconnues.
Meilleure prévention
Sans avoir saisi la justice, ni réclamé de dédommagement, les étudiantes concernées demandent la fin de ce genre de pratique. Une pétition favorable à «une meilleure prévention des abus de pouvoir» a été lancée par d'anciennes élèves en contact avec elles.
Pour les 386 pétitionnaires, le licenciement de l'enseignant s'imposait et pour éviter des récidives, un programme de prévention est demandé, avec une «sensibilisation aux abus de pouvoir» pour l’ensemble du personnel.
Mépris parfois profond
Témoignage d'une ancienne étudiante: «Les années au lycée Blaise-Cendrars nous ont laissé de magnifiques souvenirs d’apprentissage et d’expérimentation, mais également de mépris parfois profond à notre égard et à l’encontre de l’intégrité des filles, des femmes, de minorités, souvent à l’occasion de propos tenus devant des classes entières d’étudiant.e.s en pleine formation civique et ou victime au même moments de violences».
«Une de mes amies a été victime et je refuse de vivre dans un monde où ce genre d'actes n'a de répercussions que pour les victimes», rapporte une pétitionnaire. Commentaire d'une troisième signataire: «Je trouve très important de communiquer ces notions de consentement et de faire de la prévention par rapport à l’abus de pouvoir, surtout à ces jeunes du lycée qui, dans cette tranche d’âge-là, sont plus facilement manipulables!».