Sylvain Tesson va donner une conférence à Lausanne

L'écrivain Sylvain Tesson, au centre d'une polémique en France, donnera une conférence le mardi 30 janvier au soir à la salle Métropole à Lausanne. Cet événement est organisé par la société Live Music Production et parrainé par la Coop. Il figurait au programme de la salle lausannoise bien avant la polémique, qui frappe depuis une semaine l'écrivain voyageur.

Sylvain Tesson été nommé pour être le «parrain» de l'édition 2024 du Printemps des Poètes, du 9 au 25 mars, manifestation soutenue par ministère de la Culture, le Centre national du livre et le ministère chargé de l’Éducation. Mais ce parrainage a déplu à nombre de poètes et autres bardes, qui ont publié le 18 janvier une lettre corsée dans «Libération», accusant Sylvain Tesson d'être un suppôt de l'extrême-droite.

Les quelques 1200 signataires de cette lettre regrettent, dans le contexte actuel de droitisation de la politique française, qu'on ait choisi cette «icône réactionnaire» pour présider aux muses et aux nymphes de la France contemporaine.

On lui reproche d'avoir préfacé le livre «Le Camp des saints», de l'écrivain monarchiste et traditionaliste Jean Raspail, admiré par les milieux identitaires et décédé en 2020. Pour les signataires, Sylvain Tesson «fait figure de proue de cette «extrême droite littéraire», aux côtés de Michel Houellebecq et de Yann Moix, un triste panel d’écrivains en vogue».

Ils estiment que la nomination de Sylvain Tesson, «loin d’être contingente, vient renforcer la banalisation et la normalisation de l’extrême droite dans les sphères politique, culturelle, et dans l’ensemble de la société». 

Mais Sylvain Tesson peut compter sur des soutiens de poids. La nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, a pris sa défense: «Sylvain Tesson fait partie de ces écrivains qui ont le désir de partager avec tous l’amour des mots, a-t-elle communiqué sur X. Je suis heureuse que le Printemps des poètes célèbre partout en France cette vision de la poésie, ouverte, libre et populaire ».

Le ministre de l'Économie, Bruno Lemaire, lui-même écrivain, déplore sur X cette polémique: «Voilà où nous en sommes dans la France des Lumières, de la raison et de l’esprit libre: une pétition contre un écrivain de grand talent, l’exclusion sectaire d’une plume aventureuse.»

Enfin, le prix Goncourt 2018, Nicolas Mathieu, aux idées plutôt de gauche, s'est élevé sur Instagram contre cette tentative d'ostracisation de Sylvain Tesson: «J’ai, durant toute ma vie, admiré le travail d’auteurs de droite, de réacs, voire même de salauds, et n’ai jamais pensé qu’il fallait aligner ni la littérature ni mes goûts sur mon appétit de progrès. (...) Le monde est assez détestable et le serait d'autant plus qu'on n'y admettrait pas d'autres horizons que le sien».