FranceDeuxième mort violente en trois jours d’un jeune de Saint-Denis
Agressé mercredi, le jour de la mort de Sedan, 14 ans, Farid, 18 ans, a succombé à ses blessures ce samedi, près de Paris. Les appels au calme se multiplient.
Un élève de 18 ans, grièvement blessé mercredi matin dans une «expédition punitive» près de son lycée de Saint-Denis, à côté de Paris, a succombé samedi à ses blessures. «Nous apprenons avec stupeur et grande tristesse le décès de Farid, lycéen violemment agressé mercredi dernier, aux abords de son établissement scolaire», a déclaré la municipalité de Saint-Denis.
L’attaque avait eu lieu quelques heures avant le décès, dans la même ville, d’un adolescent de 14 ans, prénommé Sedan, poignardé dans le métro. Il n’est pas connu en l’état si les deux événements sont liés. Ces deux morts violentes se sont produites sur fond d’affrontements entre jeunes de différents quartiers dans la commune de 113’000 habitants, la plus peuplée du département de Seine-Saint-Denis.
A coups de battes de baseball
Farid, 18 ans, se tenait à quelques mètres de son lycée et s’apprêtait à passer une épreuve de bac blanc «lorsqu’une voiture s’est arrêtée à sa hauteur pour une opération s’apparentant à une expédition punitive», ont relaté les autorités.
Menée à coups de battes de baseball, d’après la police, «l’agression a été fugace, froide, aveugle et d’une extrême violence. Les agresseurs ont laissé leur victime au sol», décrit la municipalité de Saint-Denis. Grièvement blessé, le jeune homme a été transporté à l’hôpital Beaujon de Clichy et placé en coma artificiel par les médecins.
Le jour de l'hommage à Sedan, 14 ans
Son décès a coïncidé avec le rassemblement de plusieurs centaines de personnes, samedi matin, devant l’Hôtel de Ville de Saint-Denis, à la mémoire de Sedan, dans un froid vif mais sous un soleil d’hiver radieux. Cette manifestation, en présence de nombreux élus locaux, a été l’occasion de vibrants appels au calme et au refus de la violence, dans un contexte où les nerfs sont à vif.
«Je demande à tout le monde, à tous ses amis, pas de violence, pas de vengeance! Pas au nom de Sedan, pas au nom de Saint-Denis, pas au nom d’un quartier qu’on s’approprie!», a exhorté au micro le grand frère de Sedan, Mory, devant une foule majoritairement composée de jeunes. «Un petit frère, un fils a perdu la vie. A 14 ans, écoutez bien, 14 ans», a-t-il dit. «Je vous appelle à respecter vos parents, à écouter, à ne pas faire de bagarre, à ne pas être violents, parce que souvent ça se termine mal!», a-t-il insisté, gravement.
Au lendemain du meurtre de Sedan, un jeune de 19 ans s’est rendu à la police judiciaire du département, en charge de l’enquête sur la mort de l’adolescent. Au terme de 48 heures de garde à vue, il a été présenté, samedi soir, à un juge d’instruction du Tribunal de Bobigny, en vue d’une éventuelle mise en examen et d’une incarcération.
Regroupements interdits
Le contexte inflammable de Saint-Denis a entraîné un renforcement du dispositif policier et l’interdiction, par la mairie, des regroupements jusqu’à lundi. Les autorités ont aussi demandé aux parents d’élèves de garder leurs enfants à la maison durant le week-end.