CinémaDans «Thelma», une nonagénaire se la joue façon Tom Cruise
L'Américaine June Squibb fait sensation au festival de Sundance, où son film, avec ses gros clins d'œil à la franchise «Mission: impossible», a été projeté jeudi.
Rythmé par des courses-poursuites, des gadgets high-tech et une confrontation armée, le scénario de «Thelma» semble digne de la franchise «Mission Impossible». Sauf qu’on ne retrouve pas Tom Cruise en tête d’affiche, mais la nonagénaire américaine June Squibb.
L’actrice de 94 ans incarne une mamie bien décidée à reprendre son destin en main, après avoir été escroquée de 10 000 dollars au téléphone. Armée de son scooter électrique à trois roues et d’un vieux pistolet poussiéreux, la voilà prête à traverser Los Angeles pour affronter son arnaqueur.
Avec cette comédie déjantée, la comédienne obtient son premier rôle principal, après une longue carrière marquée par une nomination aux Oscars pour un second rôle dans «Nebraska» en 2014.
Mais comment se sent-on lorsqu’on vous demande de rivaliser avec Tom Cruise à 90 ans passés? «C’est génial! J’adore ça», confie à l’AFP June Squibb, qui semble avoir pris goût aux scènes d’action, comme le maître du genre.
Ses propres acrobaties
Le film multiplie en effet les références à la superstar, car Thelma adore regarder les films de Tom Cruise avec son petit-fils.
De quoi livrer de savoureux clins d’oeil à «Mission Impossible», comme l’objectif d’une mission top secrète transmis via une prothèse auditive. Le film utilise aussi certaines séquences de la saga d’espionnage, avec la bénédiction du principal intéressé.
«Il nous laisse faire ça?» se souvient avoir demandé June Squibb. «Bien sûr», lui a répondu la production en lui assurant que le projet plaisait au cascadeur le plus célèbre de Hollywood.
Comme son modèle, l’actrice a insisté pour assurer ses propres acrobaties, notamment lors d’une séquence de collision avec son scooter.
«Ils m’ont dit: «Ralentis June, ne va pas si vite !», raconte-t-elle. Je me suis dit: c’est idiot. Et je l’ai percuté de plein fouet.»
Inspiré d'une mésaventure
Avec son scénario comique et des acteurs hauts en couleur – dont Richard Roundtree, récemment décédé –, ce film indépendant fait partie des plus attendus du festival de Sundance, où il a été projeté jeudi.
Son réalisateur, Josh Margolin, s’est inspiré d’une mésaventure subie par sa grand-mère de 103 ans, à qui il emprunte son prénom pour le long-métrage. Un escroc a fait croire à la vieille dame que le cinéaste avait été incarcéré après avoir causé un accident de voiture et qu’il avait besoin d’argent pour payer sa caution.
Si la famille a flairé l’arnaque avant que la véritable Thelma ne débourse ses deniers, cela a stimulé l’imagination de Josh Margolin, qui a réfléchi à ce qui se passerait si sa mamie tentait d’obtenir justice.
Une façon originale d’illustrer «sa force, sa ténacité et sa détermination», explique-t-il.
«Regarder Tom Cruise sauter d’un avion est tout aussi effrayant que de voir ma grand-mère sauter sur un lit, estime-t-il. Pour elle, à ce moment de sa vie (...), cela représente un réel danger».
Le film explore aussi l’infantilisation des personnes âgées au sein de nos sociétés, ajoute ce petit-fils qui a tendance à vouloir «surprotéger» sa grand-mère par amour.
«Seule mais pas solitaire»
De son côté, June Squibb se dit «ravie de participer à un film qui fait réfléchir sur la vieillesse».
A l’écran, sa Thelma est ainsi farouchement indépendante et aime vivre seule. Mais Ben (Richard Roundtree), qui la seconde dans ses aventures, apprécie le soutien dont il bénéficie en maison de retraite.
Un débat auquel l’actrice s’identifie facilement. «Je suis seule, mais je ne me sens pas solitaire», explique la nonagénaire, disant apprécier la liberté de «faire ce que je veux».
Elle continue notamment à travailler, avec une apparition à venir dans la série «American Horror Story» et un rôle dans un futur film réalisé par Scarlett Johansson. Preuve qu’après avoir notoirement refusé de confier des rôles aux actrices une fois passé un certain âge, Hollywood change doucement.
«Dieu merci!» souffle-t-elle, en espérant que «Thelma» trouvera à Sundance un diffuseur prêt à montrer le film au cinéma, avant son arrivée sur une plateforme de streaming.
De quoi lui permettre de prétendre une nouvelle fois à un Oscar? «Eh bien, ce serait formidable, sourit-elle. C’était rigolo.»