Affaire ThéoJusqu’à 3 ans de prison avec sursis requis contre les policiers
La peine la plus lourde a été demandée à l’encontre de l'agent qui a porté le coup de matraque ayant gravement blessé Théo Luhaka à l'anus.
Des peines allant de trois mois à trois ans de prison avec sursis ont été requises jeudi contre trois policiers jugés aux assises de Seine-Saint-Denis de Bobigny en France pour l’interpellation violente en 2017 de Théo Luhaka, grièvement blessé à l’anus avec une matraque télescopique.
«Une vie brisée»
La peine la plus lourde de trois ans de prison avec sursis a été requise à l’encontre du gardien de la paix M. C., auteur du coup de matraque, qui est poursuivi pour des violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente. Pour les deux autres accusés, J. D. et T. H., poursuivis pour des violences volontaires, l’avocat général a demandé respectivement des peines de six et trois mois de prison avec sursis.
Juste avant de prononcer ses réquisitions, l’avocat général Loïc Pageot s’est adressé à Théo Luhaka en déclarant: «Vous allez peut-être penser que ces peines peuvent paraître dérisoires». «On part sur un contrôle d’identité banal et au bout du compte une vie brisée», a aussi dit Loïc Pageot. Le jeune homme noir, âgé de 29 ans, est porteur d’une infirmité depuis son interpellation le 2 février 2017 dans la cité des 3000 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) par les trois fonctionnaires de la brigade spécialisée de terrain (BST).
«Coup légitime»
La scène est filmée par les caméras de la ville et montre les policiers procéder à l’arrestation du jeune homme, alors âgé de 22 ans, qui s’y oppose. Au cours de l’empoignade, M. C. porte un coup avec la pointe de son bâton télescopique de défense (BTD) à travers le caleçon de la victime. Ce coup d’estoc provoque la rupture de son sphincter (muscle annulaire) avec une plaie de dix centimètres de profondeur. Malgré deux opérations chirurgicales, Théo Luhaka souffre d’incontinence et garde des séquelles irréversibles, selon les experts médicaux.
Au cours du procès, le fonctionnaire de police avait exprimé sa «compassion» après avoir provoqué la grave blessure mais a estimé son «coup légitime», «enseigné à l’école». Une enquête administrative de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait conclu à «un usage disproportionné de la force». Le verdict est attendu vendredi.