Conflit Israël-Gaza: des otages racontent l'horreur

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Conflit Israël-Gaza«Des images et des voix me reviennent»

Trois survivants du festival Nova du 7 octobre ont raconté l'horreur, lors de la présentation d'un film évoquant les faits, à Paris.

De nombreuses personnes sont mortes lors du festival, le 7 octobre.

De nombreuses personnes sont mortes lors du festival, le 7 octobre.

AFP

Pour dire l’horreur mais aussi pour la dépasser, ils témoignent. Trois survivants de l’attaque, par le Hamas, du festival de musique techno Tribe of Nova ont raconté à Paris leur vie ravagée depuis le 7 octobre, en marge de la projection d’un documentaire consacré à ces évènements tragiques. «Nous ne sommes plus les mêmes», a glissé Yuval Vacknin, 24 ans, lors d’une conférence de presse mercredi à l’ambassade d’Israël.

La veille, l’étudiante en ingénierie était restée tête baissée, la voix empreinte d’émotion, après la projection du film «Nova», du réalisateur indépendant Dan Peer, dans un cinéma parisien, devant des dizaines de personnes, notamment des journalistes, invitées par l’ambassade d’Israël en France.

Un insondable cauchemar

En 52 minutes, 212 éléments – vidéos, messages vocaux, caméra de surveillance – principalement confiés par des survivants, mais aussi des images filmées par les caméras des assaillants, montrent la fête, ses préparatifs, des rires et des danses... puis un insondable cauchemar.

Ce documentaire produit par la société israélienne Kastina pourra être diffusé gratuitement, dans un geste inhabituel, par toutes les chaînes israéliennes. Il est différent du film réalisé par les autorités israéliennes, montrant les massacres commis par des commandos du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien et diffusé à un public sélectionné dans plusieurs pays.

132 otages manquent à l'appel

Le 7 octobre, Tribe of Nova est pris d’assaut par des commandos du Hamas lors de leur attaque sanglante sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza. Sur les 1140 tués du côté israélien, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels israéliens, 364, soit plus de la moitié des victimes civiles, seront massacrés à la rave.

Les images les plus choquantes ne sont pas diffusées, ou elles sont floutées, «par respect pour les victimes», expliquait en décembre Dan Peer.

Quelque 250 personnes sont également prises en otage, dont une quarantaine de festivaliers. Si une centaine ont été relâchées depuis, 132 manquent toujours à l’appel, selon les autorités israéliennes. Parmi elles, 27 sont mortes, selon un décompte de l’AFP à partir des données officielles israéliennes.

«Un miracle que je sois sortie vivante»

Originaire du kibboutz de Zikim, voisin du lieu de la fête et de Gaza, Yuval Vacknin dit avoir survécu deux fois. La première, en échappant in extremis aux combattants du Hamas. Puis, de retour chez elle, quand elle a dû attendre la libération du kibboutz par l’armée israélienne, cachée dans un abri.

«C’est un miracle que je sois sortie vivante de là», souffle Michal Ohana, 27 ans, la seule, selon elle, de son groupe d’amies à être rentrée vivante de la rave. «Des images et des voix me reviennent et me donnent des crises d’angoisse», confie-t-elle, après avoir narré son interminable fuite, durant laquelle elle a reçu une balle dans la jambe et vu de nombreux festivaliers, policiers et soldats, tomber autour d’elle.

«Jusqu’à 6h30 (ndlr: quand les assaillants sont arrivés), c’était la meilleure fête de ma vie», se souvient Itay Razumenko, qui, du haut de ses 25 ans, regrette l’insouciance perdue et ses difficultés à surmonter cette épreuve: «Nos parents ne savent pas comment nous parler, nous ne savons pas comment leur parler».

«Le calme n’est pas revenu dans le pays»

Infirmière vétérinaire au Portugal, Michal Ohana confie ses difficultés à «reprendre (son) travail, car (elle s’)occupe d’animaux blessés.» «Le calme n’est pas revenu dans le pays. Il y a toujours des alertes et des sirènes», ajoute-t-elle, évoquant l’attentat à la voiture bélier survenu mardi à Raanana, une banlieue de Tel-Aviv, qui a fait un mort et au moins 13 blessés.

A Paris, Itay Razumenko se concentre sur ses terribles souvenirs, qu’il serait «inhumain d’oublier» et avec lesquels lui et ses compagnons d’infortune doivent «apprendre à vivre (...) pour toujours».

«Nous nous sentons comme des émissaires. C’est notre devoir désormais» d’en parler, remarque-t-il. Et d’ajouter: «Ce sentiment de contribuer m’aide aussi psychologiquement».

(afp)

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