Tout savoir sur l'initiative pour la retraite à 66 ans et plus

Déposée par les Jeunes libéraux-radicaux suisses au mois de juillet 2021, l'initiative « Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne » vise en premier lieu à augmenter progressivement l'âge de la retraite des hommes et des femmes à 66 ans, d'ici à 2033. Ensuite, l’âge de référence serait lié à l'élévation projetée de l’espérance de vie moyenne. Toutefois, le relèvement de cette limite ne devrait correspondre qu'à 80 % de l'augmentation de l'espérance de vie.

Les initiants justifient le choix de ce mécanisme : «Presque tous les autres pays d’Europe occidentale ont adapté l’âge de la retraite à l’augmentation de l’espérance de vie et ont relevé l’âge de la retraite à 67 ou 68 ans d'ici 2030. Avec notre solution, l’âge de la retraite devrait augmenter d’un mois par année à partir de 2033 pour atteindre environ 67 ans et 7 mois en 2050».

Pour les Jeunes libéraux-radicaux, c'est l'avenir financier de l'AVS et sa dette qui sont en jeu: «Ce sont les générations futures, les enfants et petits-enfants des retraités actuels, qui devront assumer cette dette. L’évolution démographique aggrave encore ce problème. Si rien ne change, le gouffre financier atteindra 16 milliards de francs en 2045 déjà». Ils relèvent que, lors de l'introduction de l'AVS en 1948, la durée moyenne de rente pour un retraité était de 12 ans. Aujourd'hui, elle est de 21 ans et, selon leur projection, elle sera bientôt de 25 ans.

L'application de leur initiative permettrait de soulager les dépenses de l'AVS de 2,1 milliards de francs par an (sur un total de 47 milliards de francs de rentes versées en 2022).

Dans cette campagne, les JLR sont soutenus par le PLR et l'UDC, qui ont pris position en faveur de leur initiative. En face, une coalition politique hétéroclite - allant du Centre aux Verts et du PS aux Vert'libéraux -  dénonce un projet «antisocial, technocratique et antidémocratique». Pour Léonore Porchet (V/VD): «On annonce la faillite de l'AVS depuis sa création et ce n'est toujours pas le cas aujourd'hui».

Dans les deux Chambres, les débats ont été nourris autour de cette initiative, soutenue par le groupe PLR et quelques voix à l'UDC. Pour les autres partis, le moment est mal choisi de relever encore l’âge de la retraite. L’acceptation de la réforme AVS 21, par seulement 50,5% des voix en septembre 2022, qui prévoit l’augmentation de l’âge de la retraite pour les femmes à 65 ans dès 2025, est un pas suffisant pour l'instant, avec une hausse de la TVA dès cette année.

Le Conseil des États a rejeté l'initiative par 32 voix à 11 et le Conseil national par 143 voix contre 40 et 11 abstentions.

L'âge de référence lié à l'espérance de vie moyenne a également été jugé problématique, notamment parce que les personnes qui font un travail physique ont une espérance de vie moins élevée. C'est la position défendue par le Conseil fédéral et sa conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider. Enfin, le marché du travail est toujours réticent à employer des travailleuses et travailleurs âgés.

Lors du premier sondage Tamedia/20 minutes, l'initiative n'a recueilli que 35% d'avis favorables. Dans celui de la SSR, elle en a obtenu 41%.