Votations fédérales du 3 marsTout savoir sur l'initiative pour la 13e rente AVS
Boudé par la droite du Parlement, le renforcement de l'AVS est plutôt bien perçu dans la population.
- par
- Eric Felley
«Mieux vivre à la retraite», tel est le titre de l'initiative déposée par l'Union syndicale suisse (USS) en mai 2021. Sa proposition est simple: introduire une 13ᵉ rente AVS, à l'instar du 13ᵉ salaire largement répandu dans le monde du travail. Et pour le financement, le Parlement trouvera une solution.
Perte de pouvoir d'achat
Actuellement, la pension complète AVS pour une personne évolue entre 1225 francs à 2450 francs. Les couples reçoivent une rente commune qui peut aller jusqu’à 3675 francs. Pour les initiants, le pouvoir d'achat des retraités a singulièrement baissé ces dernières années. «Les loyers, les primes d’assurance maladie, l’électricité et les denrées alimentaires ont considérablement augmenté par rapport aux pensions. Le renchérissement mangera un mois entier de rente pour les retraités d’ici fin 2024», estime le Parti socialiste et le comité en faveur du oui.
Entrée en vigueur en 2026
Si elle est acceptée, la 13ᵉ rente doit entrer en vigueur en 2026. Mais c'est évidemment son financement qui est la question centrale. Aujourd'hui, plus de 2,5 millions de personnes touchent une rente AVS. Le coût annuel de ces rentes atteint aujourd'hui environ 50 milliards de francs. Selon la Confédération, une 13ᵉ rente coûterait 4 milliards de plus au début, puis 5 milliards.
Initative balayée au Parlement
Pour cette raison financière, la proposition des syndicats a reçu une fin de non-recevoir par le Conseil fédéral et les Chambres fédérales. Après l'acceptation d'AVS 21 en septembre 2022, l'avenir financier de l'institution est assuré jusqu’en 2030 environ. Ensuite, il faudra procéder à un nouvel assainissement, même sans la 13ᵉ rente. Au Parlement, seuls les socialistes et les Verts ont soutenu l'initiative, balayée par 31 à 10 aux Etats et 126 à 69 au National.
Une aide pas assez ciblée
Lors de sa conférence de presse du 22 janvier, Elisabeth Baume-Schneider, qui a repris le dossier des mains d'Alain Berset, a défendu la position du Conseil fédéral et du Parlement qui appelle à refuser cette initiative à cause des coûts qu'elle engendre et du fait qu'elle ne cible pas les personnes qui en ont réellement besoin. Un comité bourgeois formé de membres de l'UDC, du PLR, du Centre et du PVL a été formé et EconomieSuisse mène une intense campagne contre.
Des pistes de financement
Le président de l'USS, le conseiller aux États vaudois, Pierre-Yves Maillard (PS/VD), a déjà donné des pistes de financement: une hausse de 0,4% des cotisations dégagerait 4 milliards de francs, une augmentation de l'impôt fédéral direct qui toucherait les 20% les plus riches ou l'économie d'un milliard de francs sur la hausse des dépenses militaires.
Sondages très favorables
Si la droite du Parlement s'est braquée contre la 13ᵉ rente, sa réception dans la population est inverse. L'année dernière, un premier sondage SOTOMO donnait 68% d'avis favorables. Le premier sondage Tamedia/20 minutes réalisé les 10 et 11 janvier a relevé un soutien encore plus marqué à 71% de oui contre 28 % de non et seulement 1% d'indécis. Le premier sondage de la SSR, quelques jours plus tard, donnait une acceptation plus faible de 61%.
Retour au Parlement
En cas d'acceptation le 3 mars, le Parlement devra se mettre au travail pour faire aboutir une solution de financement afin d'introduire la 13ᵉ rente en 2026. L'exercice s'annonce délicat dans le contexte, car c'est à contrecœur que les élus bourgeois devront trouver une majorité pour respecter la volonté populaire.