CommentaireZelensky, héros de guerre et de paix à Davos
Après deux ans de guerre, le président ukrainien aimerait bien en finir. Sans les Russes?
- par
- Eric Felley
Avec la pression qui pèse sur ses épaules depuis bientôt deux ans, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est un cas pour la science. Le voilà qui est venu en chair et en os jusqu'à Davos, après Berne, vêtu de kaki militaire parmi les costards cravates, pour signifier que son pays est en guerre, ce que tout le monde sait.
Au moment où les succès militaires escomptés n'ont pas eu lieu, où la ligne de front est sous la pression russe, au moment où des réticences apparaissent sur l'aide occidentale, il est venu rappeler que son pays faisait rempart contre le «prédateur» Poutine: «La seule raison pour laquelle les guerres persistent, a-t-il dit, c'est à cause de lui. Il ne changera jamais... Cet homme est fou, la folie s'est emparée de son esprit».
Gageons qu'à Moscou, Poutine ou son entourage ont suivi sa prestation à Davos et qu'on le considère lui aussi, Zelensky, comme un fou, que son plan de paix unilatéral est une folie. Mais depuis deux ans, Volodymyr Zelensky doit avoir toute sa tête pour trouver des solutions pour contenir la soldatesque russe, qui attend l'occasion de déferler sur son pays pour y causer les outrages qu'on peut imaginer. Il est donc venu demander de l'aide, notamment des avions, pour que son armée retrouve du courage au combat.
Aide en concurrence
«Il faut que l'unité mondiale soit plus forte que la volonté destructrice d'un homme. Cette année doit être une année décisive», a-t-il lancé aux invités du WEF comme un défi. Jusqu'à quel point sera-t-il entendu? Dans de nombreux pays, l'aide à l'Ukraine est hélas aujourd'hui contestée et mise en concurrence avec des besoins nationaux ou populistes plus pressants. En Suisse également.
La ligne de front est aujourd'hui quasi-figée entre l'Ukraine libre et l'Ukraine occupée par la Russie, et cette situation semble être destinée à durer encore, peut-être des années. Dans ces conditions, les exigences du président ukrainien de reprendre l'intégralité des territoires envahis par son voisin peuvent apparaître comme un obstacle à la paix qu'il réclame.
Pas de troisième guerre mondiale
Alors qu'il est en guerre, Volodymyr Zelensky parle énormément de paix. Il se projette, lui et son pays, à la fin de ce conflit et punir les responsables russes: «Nous ne voulons pas de troisième guerre mondiale, mais d'un sommet international sur la paix, la paix doit être la réponse». La Suisse s'est engagée à organiser avec l'Ukraine ce sommet, qui devrait se tenir à Genève.
Mais sans les Russes, cela ne pourra pas accoucher de grand-chose. C'est bien là tout le problème, pour l'instant, c'est la guerre, que l'Ukraine ne doit pas perdre, à défaut de pouvoir la gagner.