JuraDeux frères violeurs lourdement condamnés
Un nouveau procès pour les mêmes abus a été particulièrement douloureux pour la victime.
- par
- Vincent Donzé
Le nouveau procès pour les mêmes abus de deux frères a débouché sur un verdict quasiment inchangé: le Tribunal pénal les a condamnés aujourd'hui à six ans et demi et sept ans de prison, rapporte la radio «RFJ». Pour la victime abusée dans son enfance, le désarroi était profond, comme l'avait remarqué «Le Quotidien Jurassien»: «J'ai l'impression que l'on remue le couteau dans la plaie», avait déclaré la plaignante.
Son anxiété était telle que la victime n'a pas pu suivre la formation professionnelle souhaitée: «Pour l'instant, le suivi psychologique ne m'a été d'aucun secours», a-t-elle précisé, en larmes. Les deux frères rendaient fréquemment visite à leur voisine quand ses parents étaient absents. Ils lui passaient des dessins animés pour qu’elle se tienne tranquille.
Par ses scarifications
Les viols et les actes d’ordre sexuel avec un enfant et sur une personne incapable de discernement ou de résistance se sont répétés quand la fillette avait de 7 à 11 ans, entre 2011 et 2014. Quand la victime en a parlé, la famille de sa mère ne l'avait pas prise au sérieux.
Harcelée, insultée et frappée à l’école, placée dans un foyer lausannois, cette fille au parcours de vie chaotique avait attiré l’attention d’une éducatrice par ses scarifications.
C’est là qu’elle a raconté les abus commis par les deux frères, d’abord séparément sans que l’autre soit au courant, puis simultanément. La victime est entrée dans un engrenage et la peur de ne pas être crue l’a empêché de parler.
Brouiller les cartes
Pour leur défense, les deux frères francs-montagnards ont brouillé les dates pour passer pour des mineurs au moment des faits. Les viols ont cessé lorsque la victime a déménagé, avec en tête des sentiments de honte, de crainte et de révolte.
Si le procès en appel a été répété, c'est suite à une intervention du Tribunal fédéral: parmi les juges figurait une greffière présente en première instance, ce qui contrevient à une nouvelle jurisprudence interdisant tout lien de subordination entre juges.
Une grosse bêtise
Les deux frères reconnaissaient les attouchements, mais pas les pénétrations, ni les actes commis en commun. Ils ont présenté des excuses: «C'est en devenant papa que j'ai réalisé la grosse bêtise que j'avais faite», a déclaré l'aîné, cité par «Le Quotidien Jurassien», tandis que le cadet exprimait «sa honte et son regret» en lisant une lettre.
Face à une «atteinte d'une gravité exceptionnelle» à la victime et à un mobile «purement égoïste et odieux», le tort moral a été évalué à 30'000 francs. Toujours selon «RFJ», les deux frères ont annoncé leur intention de faire appel. En 2002, ils avaient écopé de sept ans de prison chacun, jugement cassé par le Tribunal fédéral.