Pas-de-Calais (F)Cinq migrants se noient dans les eaux glaciales de la Manche
Le drame s'est produit vers 2h du matin dimanche, lorsque des personnes «se sont trouvées en difficulté à la mer pour rejoindre» une embarcation déjà à l’eau.
Cinq migrants sont morts dans la nuit de samedi à dimanche près d’une plage de Wimereux (Pas-de-Calais) alors qu’ils tentaient de rejoindre une embarcation à la mer dans une eau glaciale pour traverser la Manche, le premier drame meurtrier de 2024 au large des côtes françaises.
«Inanimées et inconscientes»
Les faits ont eu lieu vers 2h00 dans la nuit, a indiqué la Préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar) à l’AFP, confirmant une information de «La Voix du Nord». «Les personnes se sont trouvées en difficulté à la mer pour rejoindre» une embarcation déjà à l’eau, a-t-elle expliqué. Des forces de l’ordre, à terre, «ont signalé le départ de l’embarcation et les personnes en difficulté à l’eau», a ajouté la Prémar. Une «majeure partie des naufragés ont été récupérés par les forces de l’ordre sur place». Le remorqueur d’intervention Abeille Normandie «qui était en patrouille dans la zone a mis son embarcation à l’eau pour aller secourir les naufragés» et, «à ce moment-là», l’équipage a «identifié des personnes inanimées et inconscientes», dans une eau à 9 degrés, a poursuivi cette même source. D'abord estimé à quatre morts, le bilan s'est ensuite alourdi à cinq victimes, après la découverte d'un corps près d’une plage de Wimereux. Vers 8h45, cette personne «a été retrouvée au bord de la plage de Wimereux» et «n’a malheureusement pas pu être réanimée», indique la préfecture maritime dans un communiqué. Un autre migrant se trouve dans un état grave.
Les rescapés ont, eux, été conduits dans un hangar de Calais mis à disposition des migrants dans le cadre du plan grand froid, a constaté un journaliste de l’AFP. Selon une des personnes chargées de leur accueil, qui ne souhaite pas donner son nom, environ 70 migrants y ont été amenés vers 3h00, parmi lesquels «des familles entières avec des enfants, dont certains en bas âge». «Certains des rescapés ne sont pas restés et nous ont dit vouloir gagner la gare de Dunkerque pour rejoindre un centre d’hébergement sur Armentières», a-t-elle poursuivi.
«Foire d’empoigne»
L’embarquement sur des «long boats» déjà à l’eau «est le moment le plus difficile pour (les migrants) actuellement, avec une eau à 10 degrés», a expliqué à l’AFP Jean-Claude Lenoir, président de l’association Salam. «Ils sont vite victimes d’hypothermie ou de noyade.» Ces embarquements sont, selon lui, «souvent synonymes de foire d’empoigne, sachant que les migrants veulent à tout prix monter à bord parce que, restant à terre, ils redoutent d’être interpellés par la police».
Douze migrants sont morts en 2023 en tentant de traverser la Manche, selon le décompte de la Prémar. Les deux derniers décès remontent au 15 décembre quand deux migrants étaient morts le même jour dans des tentatives de traversée distinctes. Le 22 novembre, un homme et une femme étaient morts dans le naufrage de leur embarcation. Un troisième corps avait été découvert sur une plage du Pas-de-Calais quelques jours plus tard. Le 12 août, six Afghans ont perdu la vie dans un naufrage, le plus meurtrier dans le détroit du Pas-de-Calais depuis celui du 24 novembre 2021, qui avait coûté la vie à au moins 27 migrants.