Sud-ouest de la France«Beaucoup savaient que les huîtres d’Arcachon étaient contaminées»
Une association a porté plainte auprès d’un tribunal de Bordeaux (F). Elle estime que les fruits de mer auraient dû être interdits à la consommation avant Noël.
Dans le sud-ouest de la France, une association de protection de l’environnement a porté plainte, jeudi soir, pour pollution et mise en danger d’autrui après l’interdiction de vente des huîtres du bassin d’Arcachon, affirmant que «beaucoup savaient», depuis novembre, qu’elles étaient contaminées mais ont fermé les yeux.
La production des ostréiculteurs locaux a été interdite à la vente le 27 décembre, par la Préfecture de Gironde, à quelques jours du réveillon du Nouvel-An. «Si on leur avait interdit de vendre leurs huîtres à Noël, ils auraient foutu le feu», estime Jacques Storelli, président de la Coordination environnement du bassin d’Arcachon (Ceba), qui a porté plainte.
Selon les professionnels, Noël représente environ les deux tiers des ventes d’huîtres durant cette période faste pour la filière. «Le compromis consistait donc à «sauver» Noël», ajoute le responsable d’association, qui dénonce «un petit scandale».
Intoxications massives
Dans sa plainte contre X déposée auprès du Parquet environnemental de Bordeaux, la Ceba fait la «chronique d’une catastrophe annoncée» dans cette affaire d’intoxications massives au norovirus (responsable de la gastroentérite), autour de Noël, par la consommation d’huîtres.
En cause? Le réseau d’assainissement des eaux usées, géré par le Syndicat intercommunal du bassin d’Arcachon (Siba), chargé aussi de la gestion des eaux pluviales. «Conçu pour éviter tout rejet dans le bassin», il connaît toutefois des «dysfonctionnements» et débordements lors de fortes pluies, comme ces derniers mois, souligne la Ceba.
«Ces incidents se produisent de manière régulière et prévisible. Le plus choquant est qu’ils entraînent souvent des intoxications qui pourraient être évitées», insiste l’association, appelant à informer en amont «la population des risques potentiels et des mesures de prévention à suivre». «Il n’en fut rien avant le 27 décembre, alors que beaucoup savaient», assène-t-elle dans sa plainte, regrettant que le «principe de précaution» n’ait pas été observé «dès novembre». Sollicités, le Siba et la Préfecture n’ont pas répondu.
«Le comité gesticule, mais ne fait rien!»
Le responsable de la Ceba s’étonne de l’absence de plainte du Comité régional de conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA). Tout comme Thierry Lafon, président de l’Association de défense des eaux du bassin d’Arcachon (Adeba), créée par des ostréiculteurs, qui a porté plainte contre le Siba le 29 décembre. «Le CRCAA communique, gesticule, mais ne fait rien!», dénonce-t-il.
Certains professionnels pointent un éventuel conflit d’intérêt entre l’actuel président du CRCAA et le Siba, dont la responsable de communication est son épouse.
Le 29 décembre, lors d’une assemblée générale, le premier avait indiqué qu’il envisageait de porter plainte. Mais celle-ci n’est toujours pas intervenue alors que le CRC des Pays de la Loire, lui aussi touché par une interdiction en Vendée et Loire-Atlantique, a saisi la justice.
Ils ont échangé «sur les risques en lien avec les prévisions météo»
«Il ne s’agit pas de porter plainte pour le principe, mais d’élaborer une stratégie avec des chances sérieuses d’aboutir», a déclaré, vendredi, le directeur du CRCAA. La profession avait contacté le Siba dès le 16 octobre, «pour échanger sur les risques en lien avec les prévisions météorologiques», ajoute-t-il.