Joe Biden voit l’économie en rose, mais pas les électeurs

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États-UnisJoe Biden voit l’économie en rose, mais pas les électeurs

Alors que les indicateurs sont bons, la population américaine voit, elle, plutôt le verre à moitié vide.

Le président américain Joe Biden vante sans cesse cette belle santé économique, qu’il attribue en particulier à sa politique rebaptisée «Bidenomics»

Le président américain Joe Biden vante sans cesse cette belle santé économique, qu’il attribue en particulier à sa politique rebaptisée «Bidenomics»

AFP

À entendre Joe Biden, tout est rose pour l’économie américaine, et les statistiques vont dans ce sens, mais les électeurs, eux, continuent de souffrir des prix élevés et cet écart de perception plombe la campagne de réélection du président américain.

Joe Biden se rend ce vendredi en Pennsylvanie, un État qui promet d’être particulièrement disputé lors de l’élection présidentielle de novembre, pour «expliquer comment toute l’Amérique rebondit grâce à sa politique économique et à son programme d’investissement», selon sa porte-parole.

Trump espère que la conjoncture flanche

Donald Trump, qui selon toute vraisemblance affrontera à nouveau le démocrate de 81 ans, sait bien que la situation économique sera l’une des clés du scrutin. Il a même dit publiquement «espérer» que la conjoncture flanche d’ici le vote, ce qui avantagerait sa candidature.

Une aubaine pour l’équipe de campagne de Joe Biden. Elle a immédiatement répliqué que l’ancien président républicain, «dans sa quête incessante de pouvoir et de vengeance, souhaitait en réalité que des millions d’Américains perdent leur emploi».

Les grands indicateurs sont au vert pour la première puissance économique: croissance solide, emploi vigoureux, créations d’entreprises dynamiques, salaires réels qui reprennent des couleurs. La crainte d’une récession semble s’éloigner, au profit d’un scénario d’atterrissage «en douceur».

«Mieux que mon prédécesseur»

Le président américain vante sans cesse cette belle santé, qu’il attribue en particulier à sa politique économique expansionniste rebaptisée «Bidenomics», faite de grands travaux, de plans d’investissements géants, et de mesures de pouvoir d’achat. «L’économie a créé plus de 14 millions d’emplois depuis que j’ai pris mes fonctions, la richesse, les salaires et l’emploi sont plus hauts que sous mon prédécesseur», a rappelé Joe Biden jeudi dans un communiqué.

Il a toutefois concédé qu’il restait «beaucoup à faire» face à l’inflation, qui a de nouveau accéléré en décembre, après plusieurs mois de ralentissement. Les statistiques sont une chose. La perception des Américains en est une autre: selon un récent sondage diffusé par CBS News, deux tiers d’entre eux jugent la conjoncture mauvaise.

La faute à la presse

Pour Joe Biden, la faute incombe en partie à la presse, qui ne rendrait pas compte fidèlement de ses chères politiques économiques. Interrogé récemment sur ses prévisions pour l’économie américaine cette année, il a lancé aux journalistes: «Très bonnes. Regardez vous-même. Et commencez à en rendre compte correctement.»

Pas si simple, à entendre Joanne Hsu, qui pilote l’enquête mensuelle très suivie de l’Université du Michigan sur la confiance des consommateurs. «Les salaires réels, corrigés de l’inflation, ont peut-être augmenté, mais pas pour tout le monde. Or, dans le même temps, l’inflation, elle, touche tout le monde», explique l’universitaire à l’AFP.

Ce sont, selon elle, surtout les consommateurs les plus jeunes, ceux qui veulent et peuvent changer de poste pour des emplois mieux rémunérés, qui captent les hausses de salaire. L’universitaire souligne que la confiance des consommateurs a largement et fortement rebondi en décembre dernier, montrant que les ménages sont «un peu plus confiants» en leur pouvoir d’achat à venir.

Pour elle, malgré tout, les Américains «ne se sont pas encore faits à l’idée que nous ne retournerons pas à la norme d’avant la pandémie», ni aux prix de 2019.

L’inflation a ralenti, certes, mais cela ne veut pas dire que les prix, dans l’ensemble, ont baissé, seulement qu’ils ont augmenté, mais moins vite. Et nul ne peut dire combien de temps il faudra aux ménages pour oublier que, par exemple, le prix d’une douzaine d’œufs est passé de 1,5 dollar en moyenne avant la pandémie, à plus de 4 dollars à la fin de l’année 2022, avant de redescendre quelque peu.

Dix prochains mois cruciaux

S’ajoute à cela que la banque centrale américaine, la Fed, a augmenté ses taux d’intérêt pour juguler l’inflation. Un coup de plus pour les ménages américains, qui souscrivent des crédits en abondance, pour leur logement, leurs études, leur voiture ou leurs achats courants.

Joe Biden doit désormais «espérer que l’économie fonctionne ces dix prochains mois comme elle a fonctionné ces dix derniers mois», analyse pour l’AFP William Galston, expert de l’institut de recherche Brookings. Selon lui, «si ce n’est pas le cas, la pente sera raide» pour le démocrate, déjà handicapé par son âge, autre sujet de préoccupation de premier plan des électeurs.

(afp)

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