Golfe d'OmanL’Iran saisit un pétrolier pour se venger des États-Unis
Dans le golfe d’Oman, des hommes armés se sont emparés, jeudi, du «St Nikolas». Le navire va être remis aux autorités iraniennes, selon une «décision de justice».
L’Iran a saisi, jeudi, un pétrolier dans le golfe d’Oman, en représailles au «vol», par les États-Unis, d’une importante cargaison de pétrole iranien transportée par ce même navire l’année dernière, sur fond de tensions régionales exacerbées.
Plus tôt, l’agence britannique de sécurité maritime (UKMTO) et la société privée Ambrey avaient rapporté que des hommes armés «en tenue militaire» étaient montés à bord du «St Nikolas», un pétrolier géré par une compagnie grecque et battant pavillon des îles Marshall. «Quatre ou cinq personnes non autorisées» sont montées à bord du bateau naviguant au large de la ville omanaise de Sohar, avait indiqué UKMTO.
Les autorités iraniennes ont ensuite confirmé la saisie du navire, naguère appelé «Suez Rajan». «La marine de la République islamique d’Iran a saisi un pétrolier américain dans les eaux de la mer d’Oman, conformément à une décision de justice», a indiqué l’agence de presse officielle Irna. Cette action a été entreprise «à la suite de la violation commise par le navire «Suez Rajan», en mai 2023, et au vol de pétrole iranien par les États-Unis».
Pétrole transporté à l'époque malgré les sanctions
Les États-Unis avaient saisi, l’an dernier, une cargaison de 980’000 barils de pétrole brut à bord du «Suez Rajan» et engagé des poursuites contre ce navire, pour avoir transporté du pétrole iranien sous sanction. Le propriétaire du pétrolier avait plaidé coupable et écopé d’une amende de 2,5 millions de dollars.
À l’époque, les autorités américaines avaient affirmé avoir entamé les démarches pour devenir officiellement propriétaires du chargement, d’une valeur estimée à plusieurs dizaines de millions de dollars.
Le «St Nikolas» se dirige désormais vers «les ports de la République islamique pour être livré aux autorités judiciaires», selon la marine iranienne.
Le groupe grec Empire Navigation, qui gère le pétrolier, avait affirmé, plus tôt, avoir «perdu le contact» avec son navire et les 19 membres d’équipage, 18 Philippins et un Grec. Le pétrolier avait chargé à Bassorah, en Irak, «une cargaison d’environ 145’000 tonnes de brut destiné à Aliaga, en Turquie, via le canal de Suez».
Attaques en série
Le golfe d’Oman, une voie de navigation importante pour l’industrie pétrolière, a été le théâtre d’une série d’incidents et d’attaques ces dernières années. Quelques jours après la saisie de celui qui s’appelait «Suez Rajan», l’Iran avait «confisqué» deux pétroliers dans la zone, l’un battant pavillon des îles Marshall, qui naviguait vers les États-Unis, l’autre, opéré par un armateur grec, qui se rendait de Dubaï à Fujaïrah.
Les États-Unis avaient alors accusé l’Iran de «harcèlement» et d'«interférence avec les droits de navigation dans les eaux régionales et internationales».
Le transport maritime, dans cette région riche en pétrole, est par ailleurs sous tension en raison des attaques à répétition de drones et de missiles menées, depuis plusieurs semaines, par les rebelles du Yémen en mer Rouge, en solidarité, selon eux, avec les Palestiniens de Gaza.