Breivik suicidaire et déprimé? Non, répondent des expertes

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L'auteur du massacre de 2011 argue que son isolement en prison le rend malheureux. Deux spécialistes ont réfuté son constat.

Anders Behring Breivik assure avoir renoncé à la violence.

Anders Behring Breivik assure avoir renoncé à la violence.

AFP

Deux expertes sur la santé mentale ont affirmé jeudi qu’Anders Behring Breivik, le néonazi qui a tué 77 personnes en 2011 en Norvège, n’est ni gravement déprimé ni suicidaire, contrairement à ce qu’il assure dans le procès qu’il a intenté à l’Etat norvégien.

Détenu, seul, depuis environ douze ans dans un quartier de très haute sécurité, Breivik argue que son isolement - relatif - le rend déprimé et suicidaire, et viole la Convention européenne des droits humains qui interdit les peines «dégradantes» et «inhumaines».

«Je préfère être tué aujourd’hui que vivre une semaine de plus dans ce régime» carcéral, a déclaré, en pleurs, l’extrémiste de 44 ans, mardi, lors de son témoignage devant la Cour délocalisée, pour des raisons de sécurité, dans le gymnase de la prison de Ringerike où il purge sa peine.

Jeudi, deux expertes ont dit ne pas avoir observé de dommages psychologiques liés à ses conditions de détention. «Je ne pense pas qu’il est sérieusement déprimé à cause de ses conditions de détention», a témoigné Janne Gudim Hermansen, psychiatre qui s’est entretenue à 21 reprises avec lui depuis début 2022.

Un risque suicidaire bas

Seule exception, Breivik a été «légèrement déprimé» pendant «quelques semaines» à la fin de l’été dernier, a-t-elle précisé, tout en jugeant «bas» le risque suicidaire.

Interrogée sur les larmes versées par l’extrémiste mardi, la psychiatre les a qualifiées d’inhabituelles et a questionné leur sincérité. «Je suis un peu incertaine de leur degré de crédibilité», a-t-elle dit. «L’idée m’a traversé l’esprit que c’était instrumentalisé pour obtenir quelques chose».

Chargée d’évaluer la dangerosité du détenu, la psychologue Inni Rein a, elle, répondu par la négative aux questions sur le caractère dépressif, d’éventuels dommages psychologiques ou le risque suicidaire de Breivik.

Elle a rappelé les troubles de la personnalité diagnostiqués chez l’intéressé (narcissique, antisocial et histrionique), «fortement soupçonné» d’être atteint d’Asperger, un syndrome pour lequel il refuse d’être examiné. Pendant les procédures cette semaine, il est apparu que Breivik avait fait trois tentatives de suicide en 2018.

Peine maximale

«Cela ne donne pas l’impression qu’il avait une réelle envie de mourir», a commenté Mme Rein, évoquant des rapports dans lesquels il aurait reconnu que ces tentatives se voulaient un moyen de voir ses exigences satisfaites.

Le 22 juillet 2011, Breivik avait d’abord fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, faisant huit morts, puis tué 69 autres personnes, des adolescents pour la plupart, en ouvrant le feu sur un camp d’été de la Jeunesse travailliste sur l’île d’Utøya.

Il a été condamné en 2012 à la peine maximale, alors en vigueur en Norvège, à savoir 21 ans de prison avec possibilité de prolongation tant qu’il reste jugé dangereux.

(afp)

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