Les restaurants digèrent mal l’interdiction de la viande de chien

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Corée du SudLes restaurants digèrent mal l’interdiction de la viande de chien

La Corée du Sud vient de voter une loi excluant, d’ici trois ans, l’élevage de chiens pour la consommation. Et les jeunes préfèrent adopter les bêtes que les manger.

En Corée du Sud, la consommation de viande de chien est devenue un véritable tabou chez les jeunes urbains, et la pression des défenseurs des droits des animaux pour interdire cette pratique s'est intensifiée.

En Corée du Sud, la consommation de viande de chien est devenue un véritable tabou chez les jeunes urbains, et la pression des défenseurs des droits des animaux pour interdire cette pratique s'est intensifiée.

AFP

Lorsque Choi Tae-yeon a ouvert son restaurant, il y a vingt ans, dans la ville sud-coréenne de Daegu, elle était assurée du succès avec sa carte proposant de la viande de chien. Mais, au lendemain du vote d’une loi interdisant sa vente à des fins alimentaires, elle craint de devoir fermer son établissement.

Mardi, le parlement sud-coréen a voté une loi interdisant, dans un délai de trois ans, l’élevage, la vente et l’abattage de chiens à des fins de consommation. Les infractions à la loi seront passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et d’une amende de 30 millions de wons (19’360 francs).

Davantage à leurs côtés que dans l'assiette

Niché dans une ruelle du marché de Chilseong, le restaurant de Choi Tae-yeon propose des plats traditionnels sud-coréens, notamment de la viande de chien cuite à la vapeur ou dans du bouillon. Cette viande fait depuis longtemps partie de la cuisine sud-coréenne, mais sa consommation a fortement chuté au cours des dernières années, les jeunes urbains du pays étant de plus en plus nombreux à apprécier les chiens comme animaux de compagnie.

«Il est plus facile de gagner sa vie qu’autrefois, et de nombreuses personnes ont appris à aimer les animaux.»

Choi Tae-yeon, restauratrice

«Les choses ont changé de manière radicale, a confié, mercredi, Choi Tae-yeon. Avant, quand les affaires marchaient bien, les commerçants pouvaient vendre jusqu’à 40 chiens par jour. À présent, nous n’en vendons qu’un ou deux.»

L'affaire de sa vie

La consommation de viande de chien est devenue un véritable tabou chez les jeunes urbains, et la pression des défenseurs des droits des animaux pour interdire cette pratique s'est intensifiée. La restauratrice se dit mécontente de la décision d’interdire la viande de chien, tout en reconnaissant qu’elle n’a pas le choix et qu’elle doit l’accepter, même si son établissement représente l’affaire de sa vie, qu’elle comptait transmettre à son fils.

«Il est plus facile à présent de gagner sa vie qu’autrefois, et de nombreuses personnes ont appris à aimer les animaux», ajoute-t-elle.

Les chariots pour animaux ont plus de succès que les poussettes pour enfants

En décembre, la presse a révélé que la vente de chariots pour transporter chiens ou chats avait dépassé pour la première fois, en 2023, celle de poussettes pour enfants, des chiffres mettant en évidence la crise démographique en Corée du Sud, un des pays ayant le taux de natalité le plus bas, et l’engouement croissant des Sud-Coréens pour les animaux de compagnie.

Choi Tae-yeon a tout essayé pour gagner sa vie, de la street food à la vente de nouilles sur les marchés, avant d’ouvrir son restaurant, et de rencontrer le succès. «C’est très déconcertant que cela se termine ainsi», avoue-t-elle, les larmes aux yeux.

«Quand les affaires marchaient bien, les commerçants pouvaient vendre jusqu’à 40 chiens par jour. À présent, nous n’en vendons qu’un ou deux.»

Choi Tae-yeon

Avec le changement des mentalités au cours des dernières années, selon la Sud-Coréenne, les vendeurs de viande de chien sur les marchés ont fait l’objet d’un harcèlement constant de la part des militants de la cause animale, qui ont organisé des manifestations devant les restaurants, les vouant aux gémonies. «Ils ne nous traitent pas, nous autres qui vendons du bosintang (potage coréen avec de la viande de chien), comme des êtres humains», se plaint-elle, elle qui songe à se reconvertir dans la soupe de côtes de porc.

«Un bon remède contre la gueule de bois»

Très animée durant les dernières semaines, la ruelle où se trouve l’établissement de Choi Tae-yeon était vide mercredi. Cependant, la restauratrice assure avoir vu plus de clients après le vote de la loi que la moyenne quotidienne au cours des derniers mois.

Dans un autre restaurant spécialisé dans la viande de chien, un client âgé, se présentant sous le seul nom de Jang, déclare être venu, sachant qu’il ne pourrait plus en manger d’ici à trois ans. «J’aime bien avoir de la viande de chien car, quand je bois, je n’ai pas la gueule de bois le lendemain!»

(afp)

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