BienneSilvia Steidle fait la promotion des graffitis
L'ancienne directrice des Finances est une libérale-radicale qui s'engage désormais en faveur de l'art urbain.
![Vincent Donzé](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/25/751d7ea0-c3b6-4a27-8383-dcc473c55bb5.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C2048%2C1536&fp-x=0.5&fp-y=0.5&crop=focalpoint&s=5391b0d5c1ef3f2e4412468145cfbd47)
Elle dirigeait les Finances de Bienne et à ce titre, gérait les immeubles municipaux. Mais après sa démission, Silvia Steidle s'engage désormais pour la promotion de l'art urbain. Une libérale-radicale qui porte un regard admiratif sur les tags et les graffitis, c'est inattendu, mais pas surprenant pour ceux qui la connaissent.
Avec en son centre la Coupole du Centre autonomise de jeunesse, le street art fait partie intégrante de la culture biennoise. C'est là qu'intervient Silvia Steidle, sur une plateforme décrivant des itinéraires, comme à Lugano (TI).
Manque de visibilité
Dans son habit de conseillère municipale, Silvia Steidle étudiait les demandes de graffeurs désireux d'intervenir sur un bâtiment public. «C'était le temps des négociations, après la guerre déclarée par mon prédécesseur Jürg Scherrer», précise-t-elle.
La richesse et la qualité de cet univers lui a sauté aux yeux, mais aussi son manque de visibilité et de soutien au sein de la culture institutionnelle. «La scène s'est posée, doit gagner sa vie... Sèyo est plus âgé que moi!», remarque Silvia Steidle.
Les candidats UDC
Dans le street-art, ce sont les messages et les revendications qui touchent Silvia Steidle. N'est-ce pas hors-cadre pour une libérale-radicale? «Sur les dernières affiches électorales biennoises, les candidats UDC posaient devant des graffitis», sourit Silvia Steidle.
«Pour rajeunir leur image, les partis politiques s'approprient le tag au moment des élections», remarque Silvia Steidle. Tandis que la Ville dépense 200'000 francs par an pour encourager les effacements sur les bâtiments privés, l'ancienne élue accueillera le graffeur Tarkin dans sa résidence artistique aménagée dans une ancienne distillerie de Fleurville (F), sur la Saône.
Un lieu unique
Le graffeur biennois Robbie a expliqué l'historique du mouvement biennois au «Journal du Jura»: le graffiti s’est développé grâce à un lieu unique: le sous-voie du BTI (Bienne-Taüffelen-Ins) dans la gare de Bienne, avant son rachat par les CFF. «Dès le début des années 80, les dessins y étaient implicitement autorisés. Et même encouragés par certains conducteurs de trains», a indiqué ce précurseur actif dès ses 11 ans.
Écrire son nom, c'est un geste accessible à tous, si bien que la signature d'un graffeur s'est imposée comme le logo d'une marque, avec une revendication: visuellement, l'espace public n'appartient pas uniquement à ceux qui ont de l'argent.
La ville nettoyée
À la Coupole, des artistes de hip-hop et de break danse ont fraternisé avec des graffeurs, créant une émulation qui n'avait d'égal que la qualité artistique, selon Robbie. Mais au passage de l'exposition nationale Expo.02, la ville a été nettoyée, puis les zones industrielles en friche ont diminué.
Aujourd’hui, le collectif de graffeurs X-Bros gère un atelier au «X-Project» et intervient dans des espaces disponibles, comme des chantiers. L'illégalité ne caractérise plus le street-art: au Locle (NE), des façades borgnes sont décorées à l’occasion de l’«exomusée» et à Crans-Montana, le «Vision Art Festival» colore les murs gris.