Le prince de Perse saute mieux qu'espéré
Avec «The Lost Crown», Ubisoft Montpellier réussit une variante surprenante de la franchise «Prince of Persia».
- par
- Jean-Charles Canet
Combats, puzzle et exploration sont les trois piliers du nouveau «Prince of Persia». «The Lost Crown» est une nouvelle déclinaison d'une franchise dont le dernier titre majeur, sur consoles de salon et sur PC, remonte à 2008 avec le sobrement titré «Prince of Persia».
Le jeu a été conçu par le studio Ubisoft Montpellier, made in France donc, avec la particularité de se jouer en fausse 3D. Par cela, il faut entendre que la profondeur est visuellement très présente, voire impressionnante, mais que le gameplay est conçu pour un déplacement latéral du personnage incarné par le joueur, autrement dit avec des déplacements uniquement vers la droite ou la gauche, voire le haut et le bas, un peu comme le «Prince of Persia» original (1989) mais en fichtrement plus beau. Il sort le jeudi 18 janvier 2024 sur PlayStation 4 et 5, sur Xbox One et Series, sur PC Windows et sur Switch, une versatilité devenue suffisamment rare lorsqu'on évoque une nouveauté triple A pour être souligné.
Le cadet des Immortels
La «Couronne perdue» se situe dans un royaume de Perse de pure fantaisie. Le joueur incarne Sargon, un jeune, bondissant (et, accessoirement, très musclé) héros. Très conscient de ses habiletés physiques, le gamin est un redoutable guerrier, le cadet d'un groupe appelé les Immortels, qui se considère protecteur du royaume. Il se trouve que le Prince Ghassan a été enlevé à l'affection de sa mère la reine et la première partie du jeu consiste à retrouver et à tenter de libérer l'héritier.
Pour tout dire, nos attentes vis-à-vis de ce nouveau PoP étaient mesurées, voire faibles. Le côté old school du jeu nous semblait le tirer en arrière. De plus, les retards, puis le report, subits par le remake annoncé il y a un bon moment déjà des «Sables du temps» laissait planer le spectre d'une petite malédiction au-dessus d'une franchise en recherche d'un second souffle.
De nombreuses heures de pratique plus tard, on est bien obligé de concéder que «The Lost Crown» nous a bien retourné. Graphiquement, le jeu est ambitieux et très cohérent. Certains passages frisent le grandiose. La maniabilité est de surcroit excellente. Et surtout le gameplay est varié. Il ne se résume pas en une alignée de combats mais diversifie habilement les affrontements, la découverte d'une carte immense, la montée en habileté et puissance qui ouvre l'accès à moult zones paraissant auparavant inaccessibles.
Souplesse de gameplay
De plus, contrairement à des jeux du type «Dark Souls», bâtis sur la précision élitiste des mouvements et de leur rythme, «The Lost Crown» laisse au joueur la possibilité d'adapter le gameplay à son niveau. Si les combats et les boss ne sont pas sa tasse de thé, libre à lui de les transformer non pas en promenade de santé, mais en quelque chose de moins atrocement punitif. À lui aussi la possibilité d'adoucir les autres obstacles sans pour autant voir le travail mâché. Les concepteurs du jeu semblent avoir longuement réfléchi à cette remarquable souplesse du gameplay. Cela se ressent et s'apprécie.
À titre d'exemple, à un bon tiers du jeu, nous nous sommes fait voler un artefact qui permet d'afficher la carte générale. Le devoir de le retrouver imposait d'accomplir une quête dans les tréfonds en poursuivant un vagabond très rapide impossible à rattraper. On confesse avoir très longtemps exploré la zone avant de trouver le recoin ou l'infâme se cachait. Non sans avoir passé et repassé sur le passage secret qu'il s'agissait de débloquer et de surmonter les embûches qui revenaient à chaque retour. Aucune aide, aucun réglage de la difficulté, ne nous permettait de prendre un quelconque raccourci. Et la satisfaction éprouvée après avoir surmonté cette épreuve n'a été que plus intense. C'était, pour nous, le bon curseur placé au bon endroit.
«Prince of Persia: the Lost Crown» n'a donc rien d'un petit jeu apéritif placé là pour faire patienter en attendant un plat de résistance plus consistant. C'est un jeu d'aujourd'hui, une aventure au long cours transcendée par un gameplay diversifié et très finement réglé. On le recommande chaudement.