Commentaire2024: Pierre-Yves Maillard en mode rouleau compresseur
Le président de l'USS roule à fond pour la 13e rente AVS et profite des doutes qui traversent l'UDC.
- par
- Eric Felley
Voilà une année 2024 qui commence en fanfare pour Pierre-Yves Maillard, président de l'Union syndicale suisse (USS) et fraîchement élu au Conseil des États pour le canton de Vaud. Difficile de ne pas le voir durant cette première semaine de l'année. Il y a quelques jours, le «Blick» lui consacrait un portrait avec le titre de «l'homme le plus puissant de 2024». Ce dimanche, il donne deux grands interviews dans «Le Matin Dimanche» et la «NZZ am Sonntag».
D'un interview à l'autre, c'est la votation sur l'initiative pour une 13ᵉ rente AVS du 3 mars prochain, qui tient la vedette, contextualisée dans cette perte du pouvoir d'achat, qui grignote le portemonnaie des Suisse depuis trois ans. «Les rentiers ont perdu environ 1800 francs depuis 2020»,déclare-t-il dans «Le Matin Dimanche». La 13ᵉ rente ne ferait donc que compenser ce qui a été perdu.
«Je sens que quelque chose change»
Pierre-Yves Maillard est un intuitif. Il sent que cette proposition de la gauche tombe au bon moment: «Il y a une chance, dit-il dans la «NZZ am Sonntag». Je sens que quelque chose change dans la population. De plus en plus de gens ont le sentiment que le «deal» ne leur convient plus».
Et il n'a pas tort, quand il voit que des sections cantonales UDC, soutiennent l'initiative (Genève) ou laisse la liberté de vote comme en Valais. Celle de Vaud, divisée, se prononcera cette semaine. En automne dernier, un sondage Sotomo montrait que deux tiers de la base de l'UDC soutenait la 13ᵉ rente. L'UDC suisse qualifie pourtant le texte «d'initiative syndical extrême qui entraînerait des coûts supplémentaires récurrents de 5 milliards de francs par an».
Des pistes de financement
La position des UDC cantonales montre qu'un tabou est tombé face une proposition sociale. Ces sections ont conscience de la précarité de rentiers, qui sont également leurs électrices ou leurs électeurs. Certes, ces 5 milliards de francs tombent au mauvais moment dans le contexte tendu des finances fédérales. Ils ne tomberont pas du ciel. Pierre-Yves Maillard liste les pistes de financement: une hausse de 0,4% des cotisations dégagerait 4 milliards de francs, une augmentation de l'impôt fédéral direct qui toucherait les 20% les plus riches ou l'économie d'un milliard de francs sur la hausse des dépenses militaires.
Il reste deux mois au président de l'USS et aux partisans de l'initiative pour convaincre le peuple et les cantons, que la Suisse est assez riche pour offrir une vie un petit peu meilleure aux nombreux retraités qui tirent le diable par la queue.