CommentaireLa RTS aurait dû mieux communiquer sur Depardieu
Modifier sa programmation en fonction de l'actualité n'est pas encore de la censure.
- par
- Eric Felley
Depuis la diffusion le 7 décembre dernier du «Complément d'enquête», qui montre la face la moins reluisante de l'acteur Gérard Depardieu, la France est en mode «polémique extrême». Et la Suisse lui emboîte le pas depuis que la RTS a fait savoir dimanche qu'elle suspendait temporairement les films dans lesquels Gégé tient la vedette. Depuis, tout le monde ou presque se déchaîne contre la RTS, accusée de ne pas respecter la présomption d'innocence, de faire de la censure, du wokisme ou de la morale à bon marché.
Dans la foulée, d'autres y voient un argument de plus pour réduire la redevance SSR à 200 francs comme le demande une initiative de l'UDC. Ce serait tout de même cocasse que des propos graveleux et misogynes, tenus par Depardieu en 2018 lors d'un voyage en Corée du Nord, finissent par faire couper les vivres à la RTS.
La chaîne publique a sans doute été mal inspirée d'importer cette polémique en Suisse, elle aurait dû mieux communiquer et insister sur l'aspect «temporaire» de la mesure. Imaginons qu'elle aurait diffusé «Les Valseuses» durant les fêtes, les mêmes, qui hurlent à la censure aujourd'hui, se seraient offusqués à juste titre. Cela relève de l'élémentaire prudence que d'adapter sa programmation en fonction de l'actualité.
Pour le reste, des actions en justice ont été intentées contre l'acteur pour des agressions sexuelles, où il a été mis en examen. Mais il est vrai qu'on a l'impression qu'en France ce type de procédure, qui vise des stars du showbiz, a beaucoup de peine à aboutir à une condamnation. C'est ce sentiment d'impunité masculine, alimenté d'ailleurs par les propos du président Emmanuel Macron, qui gangrène les esprits.
Alors d'aucuns agissent de leur côté en retirant la statue de Gégé du musée Grévin, en parlant de lui retirer la Légion d'honneur... ou en suspendant temporairement ses films, comme à la RTS.