Jura bernoisLe loup a échappé au tir autorisé
Aucun prédateur n'a été abattu, mais peut-être a-t-il quitté la région.
- par
- Vincent Donzé
En 13 attaques attribuées à un loup: 20 moutons, 16 chèvres et un veau nouveau-né ont été tués l'an dernier dans le Jura bernois. Ce bilan a fait de son auteur une cible désignée par les autorités cantonales, mais l'autorisation de tir n'a pas abouti à son abattage dans le délai imparti.
Les attaques contre des animaux de rente se sont réparties sur trois mois à partir du 28 juillet, sur les contreforts de Chasseral, puis à Corgémont, Saicourt, Orvin, Renan, Cormoret, Courtelary, Court, Mont-Tramelan, Perrefitte... Mais plus aucun cas n'a été signalé depuis la mi-octobre.
Selon l'Inspection bernoise de la chasse, il n'est pas certain que le loup visé se trouve encore dans le canton, même si un prédateur a semble-t-il été aperçu du côté du Jeanbrenin, sur le col reliant Tramelan à Corgémont.
Secrétaire de l'Association suisse pour la protection des territoires contre les grands prédateurs, Ronald Sommer reçoit parfois des signalements, mais sans preuve à l'appui: «Sans photo, difficile de dire si c'en était vraiment un», remarque cet éleveur de Monible (BE).
Veille de Noël
L'autorisation de tir était valable pour un loup isolé. Les gardes-faune pouvaient l'abattre jusqu'à la veille de Noël, le 24 décembre dernier, mais aucun tir n'a eu lieu. Un braconnier a-t-il anticipé l'intervention des garde-faune? C'est possible.
Le loup s'est peut-être nourri de bêtes sauvages, sans dommage pour les éleveurs. «Il n'existe aucune base légale pour prolonger l'autorisation de tir», a indiqué l'Inspection de la chasse au «Journal du Jura».
L'Inspection de la chasse ignore où se trouve le prédateur: «Il est possible qu'il ait simplement poursuivi sa route», a précisé cet office au «JdJ».
Ce qu'il est devenu
L'éleveur Ronald Sommer réagit: «Non, je ne l'ai pas tiré, et très franchement je ne sais pas ce qu'il en est devenu», indique cet éleveur de moutons.
«C'est uniquement avec des loups comme ça que la cohabitation est possible», ironise Ronald Sommer, en évoquant des loups discrets ou... inexistants, qui ne font pas de dégâts.
Mise à l'étable
Pourquoi le loup est-il devenu invisible? Par crainte des gardes-faune? Par manque de proies? Pour faire équipe ailleurs? «Sa disparition a coïncidé avec la mise à l'étable des animaux de rentes», remarque Ronald Sommer.
Cette concordance lui inspire un commentaire: «Si le manque de proies l'a fait disparaître, ce serait la preuve que les animaux de rente constituent sa nourriture et que le loup nuit à leur bien-être». Sa conclusion: «Le loup n'a pas sa place dans une région comme le Jura-bernois».