Proche-Orient: cette guerre qui divise aussi la Suisse

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CommentaireProche-Orient: cette guerre qui divise aussi la Suisse

Même si les politiciens suisses sont partagés, la Suisse doit affirmer la priorité de l'humanitaire.

Eric Felley
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Eric Felley
Depuis le 9 octobre, Israël a transformé la bande de Gaza «en un enfer».

Depuis le 9 octobre, Israël a transformé la bande de Gaza «en un enfer».

AFP

Depuis le 7 octobre dernier, le conflit entre l'État d'Israël et le Hamas a des conséquences politiques en Suisse comme dans de nombreux pays. L'attaque assassine et perfide des miliciens du Hamas contre des civils israéliens a choqué les esprits. La résurgence meurtrière de ce conflit vieux de plus de 70 ans met à rude épreuve les consciences. En Suisse, l'interdiction du Hamas, en tant que mouvement terroriste, a suscité assez rapidement une convergence de vues au Conseil fédéral et dans les partis représentés au Parlement.

Mais les choses ne sont pas aussi simples. Lors de la discussion du budget 2024, il a fallu trois semaines pour faire passer l'aide de 20 millions de francs apportée par la Suisse à l'agence onusienne d'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), dirigée par le Suisse Philippe Lazzarini. L'UDC, le PLR et le Centre ne voulaient plus donner un franc à cet organisme soupçonné d'être «antisémite». Après de nombreux votes, le Centre a finalement changé d'avis et l'aide promise pourra être versée.

Le vote de la Suisse à l'ONU

Le montant était symbolique, la droite du Parlement voulait donner des gages au camp pro-israélien. Mais comment justifier de couper l'aide humanitaire à une population palestinienne dans la détresse la plus extrême ? Comment faire l'amalgame entre l'aide humanitaire apportée dans ces conditions et la propagation de l'antisémitisme ?

Pendant que les parlementaires se braquaient sur ces 20 millions, la Suisse a voté, le 13 décembre à l'ONU, la résolution demandant un «cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza». Elle a fait partie des 153 pays qui l'ont soutenue, contre 10 qui l'ont refusée (Etats-Unis et Israël) et 23 qui se sont abstenus (voir ci-dessous).

Le vote de l'ONU du 13 décembre. La Suisse a voté pour le cessez-le-feu immédiat.

Le vote de l'ONU du 13 décembre. La Suisse a voté pour le cessez-le-feu immédiat.

ONU

Cette guerre, qui pourrait encore durer des mois selon les autorités israéliennes, divise aussi les Suisses qui subissent la propagande des deux camps. Devant tant d'horreur, il est parfois difficile de trier le vrai du faux. Ce qui demeure certain, c'est la crèche de Noël en gravats, ce sont les images des bombardements sur la bande de Gaza et des conditions de vie intenables qu'Israël fait subir aux civils, femmes et enfants, dénoncées sans relâche par le Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk: «Ils sont pris au piège dans un véritable enfer».

«Désastre humanitaire»

Sur la RTS au «19h30» mercredi dernier, le chef de la délégation du CICR à Gaza, le Vaudois Pascal Hundt, a pesé ses mots avant de qualifier la situation sur place de «désastre humanitaire» ou «d'apocalyptique». Pendant ce temps, l'État d'Israël continue de justifier sa riposte destructrice pour des questions de sécurité et de survie. À nos yeux impuissants, on semble assister à des représailles au centuple, qui auront pour conséquences d'entretenir encore pour des générations une haine profonde dans la région et ailleurs dans le monde.

Tsahal finira par faire le nettoyage dans la bande de Gaza réduite en poussières. Actuellement, déjà plus de 20'000 victimes. Combien à la fin? 30'000, 50'000? Et après? Qu'adviendra-t-il des survivants? Qu'adviendra-t-il aussi d'Israël?

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