Espèces menacéesWWF 2023: bon pour la panthère, moins bon pour le lion
Le WWF publie sa liste des animaux gagnants et des perdants. En Suisse, le Roi du Doubs à la peine.
- par
- Eric Felley
Comme chaque année, le WWF publie une liste des tendances à la hausse ou à la baisse pour les espèces menacées de la planète. L'organisation écologiste parle d'un «bilan mitigé» pour l’année 2023. D’après le Rapport Planète Vivante 2022, les populations de vertébrés étudiées ont en moyenne reculé de 69% depuis 1970. La Liste rouge mondiale compte désormais plus de 44 000 espèces menacées, soit environ un quart.
Mais commençons par les bonnes nouvelles. La magnifique panthère des neiges du Bhoutan a fait l'objet d'un nouveau recensement grâce à une étude nationale au moyen de pièges photographiques sur un territoire de 9000 km². Résultat, ces félins sont passés de 96 à 134.
La reinette verte en Suisse
Un autre gagnant est le rhinocéros blanc d'Afrique, qui progresse de 5% pour la première fois depuis dix ans. Il en reste 16 800. Le bison sauvage du Caucase (8000), l'antilope Saïga du Kazakhstan (1,3 million), le tigre en Inde (3600) ou la grue Antigone du Népal (700) sont en voie de progression réjouissante. En Suisse, la reinette verte est passée du statut d'animal «en danger» à simplement «vulnérable», tandis que le cerf élaphe, qui avait totalement disparu en 1850, compte aujourd'hui près de 40 000 individus.
Dauphin d'eau douce décimé
Du côté des perdants, le lion d'Afrique a vu sa population baisser de 8% entre 2018 et 2023. On en décompte aujourd'hui 23 000. Les dauphins d'eau douce en Amazonie ont également souffert cette année. 200 d'entre eux ont péri en une semaine, soit 10% des effectifs, vraisemblablement à cause d'une montée de la température des eaux à 39,1 degrés.
D'une manière générale, 2023 n'a pas été bonne pour les amphibiens (à part pour la reinette verte). Grenouilles, crapauds et salamandres continuent de «disparaître en masse». Selon la Liste rouge, plus de 40% de toutes les espèces d’amphibiens sont en danger critique. «Cette situation est surtout due à la destruction de leurs habitats et aux changements climatiques», déplore le WWF.
De son côté, le fameux saumon de l'Atlantique est aujourd'hui considéré comme «potentiellement menacé» à l’échelle mondiale. Ces dernières années, sa population globale a diminué de 23%. Enfin, au Chili, le manchot de Humboldt a succombé à la grippe aviaire. Sur une population de 10 000 manchots, 3000 ont péri.
La dernière femelle?
En Suisse, c'est le Roi du Doubs qui est en phase d'extinction. Ce poisson de 20 cm environ était très répandu dans l'ensemble du bassin du Rhône. «Désormais, on ne le trouve plus que dans quatre tronçons du Doubs, qui plus est séparés les uns des autres. Cette année, le contrôle de sa population a permis de n’identifier qu’une femelle sur le territoire suisse», constate le WWF.
Plus de 80% des 16 espèces de reptiles indigènes en Suisse sont inscrites sur la Liste rouge. Parmi eux, la coronelle lisse a perdu 70% de sa population entre 1980 et 2005 et depuis, elle a encore diminué d’autant. «Sans inversement de tendance, ce serpent risque d’avoir bientôt disparu de Suisse», regrette le WWF.
«Nous dépendons de la biodiversité»
L'année 2023 se solde donc par un bilan mitigé. Pour René Kaspar, responsable de la protection des espèces au WWF Suisse: «La perte d’habitat, le réchauffement du climat, la surpêche ou le braconnage sont les facteurs centraux qui aggravent la disparition actuelle des espèces. Ils sont tous provoqués par l’être humain. Nous autres sommes à la fois auteurs et victimes. En effet, nous dépendons d’écosystèmes vivants et d’une biodiversité variée pour vivre en sécurité et sainement. Nous avons besoin d’une protection de la nature ambitieuse, en Suisse et dans le monde entier».