Balkans: Un magnifique lac du sud-est de l’Europe rétrécit presque à vue d’oeil

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BalkansUn magnifique lac du sud-est de l’Europe rétrécit presque à vue d’oeil

A la frontière entre l’Albanie, la Macédoine du Nord et la Grèce, le lac Prespa, l’un des plus anciens d’Europe, est à la fois victime et marqueur du changement climatique.

Après des décennies de changement climatique, de surconsommation et de pollution, ce plan d'eau préhistorique situé dans le sud-est de l'Europe se rétrécit à une vitesse alarmante.

Après des décennies de changement climatique, de surconsommation et de pollution, ce plan d'eau préhistorique situé dans le sud-est de l'Europe se rétrécit à une vitesse alarmante.

AFP

Partagé entre l’Albanie, la Grèce et la Macédoine du Nord, le lac Prespa abrite des milliers d’espèces végétales et animales dépendantes de ses eaux et son écosystème. Mais la hausse des températures a bouleversé le rythme des précipitations, asséchant les rivières et cours d’eaux vitaux pour l’alimentation du Prespa.

La baisse de la pluviométrie et des chutes de neige a provoqué le rétrécissement du lac, dont les rives ont par endroit reculé de trois kilomètres. «Avant, on avait beaucoup plus de neige, un mètre ou un mètre et demi, mais ces dernières années, on n’a quasiment plus de neige», constate l’un des gardes chargés de surveiller une aire protégée créée par la Macédoine du Nord dans la région.

Les spécialistes confirment la tendance constatée empiriquement par les habitants de génération en génération. Selon une étude citée par la Nasa, le lac Prespa a perdu 7% de sa surface et la moitié de son volume entre 1984 et 2020. «Les variations relevées sur les niveaux du lac sont liées au changement climatique», déclare à l’AFP Spase Shumka, professeur à l’Université agricole de Tirana, en Albanie.

Sur les rives du lac Prespa, dans le village de Slivnica, près de Resen, en Macédoine du Nord, le 17 mars 2023.

Sur les rives du lac Prespa, dans le village de Slivnica, près de Resen, en Macédoine du Nord, le 17 mars 2023.

AFP

«Action conjointe»

Il cite entre autres la hausse des températures qui accroît l’évaporation de l’eau, la baisse des précipitations annuelles et l’utilisation de l’eau pour l’agriculture. «Vu la localisation du lac, la seule solution est une action conjointe» des autorités en Macédoine du Nord, Albanie et Grèce, souligne-t-il.

La pollution par les ruissellements agricoles provenant des vergers qui s’étalent à perte de vue ne font qu’ajouter au problème, via le phénomène d’eutrophisation qui favorise la croissance d’algues et appauvrit l’écosystème aquatique. «Le lac a subi une pollution intensive durant des décennies», dit Zlatko Levkov, biologiste à Skopje.

«L’habitat de nombreuses espèces pourrait changer complètement et la population de ces espèces potentiellement s’éteindre»

Zlatko Levkov, biologiste

Les études divergent sur l’âge du lac, certains scientifiques expliquant qu’il a été formé il y a un million d’années, d’autres cinq millions. En tout cas, il abrite avec ses alentours quelque 2000 espèces de poissons, d’oiseaux, de mammifères et de plantes.

Si Prespa devait se dégrader davantage, le non moins sublime lac Ohrid situé à peine dix kilomètres à l’ouest pourrait également essuyer les plâtres. Ohrid dépend en effet en partie des eaux souterraines venant du lac Prespa en surplomb pour se maintenir. Menacé par la pollution et l’urbanisation sauvage, il a failli voici deux ans perdre sa place sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité (Unesco) et être rétrogradé dans la catégorie sites «en danger».

«Conserver la beauté»

Selon un rapport du Programme des Nations unies pour le développement, les agriculteurs locaux se servent d’environ 65 tonnes de pesticides chaque année, et Prespa est directement affecté par les ruissellements chimiques. «Le déversement de déchets biodégradables et la surutilisation de fertilisants et de pesticides» provoque le développement rapide d’algues et autres végétaux invasifs qui mettent en danger les espèces endémiques, ajoute le PNUD.

De multiples initiatives ont été lancées pour mieux gérer le secteur agricole. Par exemple, huit stations météréologiques ont été construites afin d’optimiser l’usage des pesticides, permettant une réduction de 30% de leur utilisation. «En diminuant les traitements, nous avons plus de bénéfices économiques et nous améliorons la protection de l’environnement», dit une agricultrice, Frosina Gjorgjievska, qui vit à Resen, localité de Macédoine du Nord.

Mais les spécialistes jugent qu’il faut en faire davantage pour protéger le lac, et pour commencer, mieux appliquer des accords signés par la Macédoine du Nord, la Grèce et l’Albanie en 2012. Les défenseurs de l’environnement demandent aux fermiers de se mettre à l’agriculture biologique et aux autorités d’investir dans le tourisme durable. «Nous voulons conserver l’authenticité de Prespa, sa beauté, tout en continuant à en bénéficier», dit l’écologiste Marija Eftimovska.

(AFP)

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