Ces Valaisans qui rêvent de vendre du vin à la Migros

Comme dans les dix coopératives de Suisse, Migros Valais a lancé le vote sur la vente d’alcool dans ses 60 points de vente, dont 29 supermarchés et 7 restaurants. 83 000 coopérateurs ont le droit de vote dans le canton, qui compte 350 000 habitants. C’est dire si le scrutin concerne chaque famille. Jusqu’à présent, l’opération se déroule dans la discrétion et le résultat est attendu comme ailleurs pour le 4 juin.

Le président du conseil d’administration de Migros Valais, Bernard Monnet, se félicite de la procédure démocratique engagée et se dit personnellement «absolument favorable» au changement. En Valais, le résultat du vote est très attendu, en particulier dans les milieux de la vitiviniculture, qui peuvent y voir un nouveau débouché. La coopérative valaisanne est en effet très orientée sur les produits régionaux. Elle propose plus de 700 références labellisées: «De la région. Pour la région».

Dans ce contexte, les milieux vitivinicoles pourraient-ils être tentés d’orienter le vote? «On ne fait pas campagne, répond Yvan Aymon, président de l’Interprofession de la vigne et du vin, car il s’agit d’une décision interne à une entreprise. Par contre, on verrait d’un bon œil l’arrivée des vins à la Migros, car cela permettrait de diversifier nos canaux de vente, pas seulement en Valais, mais aussi dans les coopératives en Suisse alémanique. On a espéré un moment que la Migros, avec ses valeurs et son positionnement, ne vendrait que des vins suisses, mais cela n’a pas été retenu. Cette ouverture fait également de la place pour nos concurrents…»

Comme l’a montré le récent sondage Tamedia/20 minutes, les Romands sont plus favorables que les Alémaniques à la vente d’alcool à la Migros. Le résultat du vote dans les dix coopératives risque de finir le 4 juin par un röstigraben. Les quatre coopératives (Genève, Vaud, Neuchâtel-Fribourg et Valais) devraient être plus favorables à la vente d’alcool: «C’est possible, remarque Yvan Aymon, oui. En Suisse alémanique, ils n’ont pas la même approche des produits du terroir et une culture du vin différente. Les AOC et les AOP demeurent une approche très latine. »

Pour Bernard Monnet, ajouter les vins à l’assortiment actuel serait un atout, non seulement pour la production valaisanne, mais aussi pour les clients: «Aujourd’hui, le consommateur veut pouvoir faire un panier complet lors de ses achats. Nous vendons de l’alcool chez Denner et Migrolino, qui appartiennent à la Migros, il faut être cohérent. Il y a un certain nombre d’années, il y avait de gros problèmes d’alcool en Valais et cela se justifiait de ne pas en vendre. Aujourd’hui, s’il y a toujours des abus, c’est une minorité et l’alcoolisme est mieux maîtrisé».

Se montre-t-il optimiste quant à l’issue du vote valaisan? «Selon nos statuts, il faut obtenir la majorité des deux tiers, ce n’est donc pas gagné».