CritiqueQuelques jours clés dans la vie d'Enzo Ferrari: éblouissant
Michael Mann n'avait plus tourné pour le cinéma depuis «Hacker». Sa leçon de mise en scène est renversante.
- par
- Jean-Charles Canet
Été 1957. Enzo Ferrari se réveille et se dirige vers sa voiture qu'il démarre en descente non sans l'avoir poussée. Pas loin de son usine qu'il a fondé avec sa femme Laura, il apprend que Jean Behra compte ravir à Ferrari un record de vitesse pour Maserati. Qu'à cela ne tienne, un record ça se rebat. Et puis, l'ingénieur a d'autres soucis à gérer.
Huit ans séparent «Hacker» de «Ferrari», les deux derniers longs métrages cinéma de Michael Mann. Le vétéran nous revient dans une forme éblouissante ce mardi au cinéma (et, début 2024, sur Prime Video faute de sortie en France, ce qui explique sans doute cette sortie bizarre, entre Noël et le Nouvel An, en Suisse). Dès les premiers plans, son sens du rythme et du cadrage éblouit.
Qui sont ces inconnus?
À mille lieues d'une biographie cul serrée, les premières scènes dialoguées sont pétillantes. Et puis qui est cet extraordinaire comédien qui incarne Enzo Ferrari et qui est cette actrice qui incarne si cocassement sa légitime? Sans mentir, on a commencé par apprécier au plus haut point le jeu de ces brillants inconnus avant de parvenir à reconnaître Adam Driver et Penlope Cruz tant, par la grâce d'une direction impeccable (et un peu de maquillage), ces derniers se fondent dans leur rôle.
Et à quoi s'attaque «Ferrari»? Aux quelques jours clés qui détermineront l'avenir de l'homme et de la marque italienne qu'il a fondée. Avec, pour morceau de bravoure, la Mille Miglia, une course d'endurance mythique, qui sera le morceau de bravoure de la dernière partie du film.
Pas besoin d'être un car lover
Contrairement à Mann qui est un car lover déclaré, la chose automobile laisse votre serviteur relativement indifférent. La maestria du réalisateur de «Heat» et de «Révélations» est cependant telle qu'à aucun moment nous n'avons songé à regarder notre montre. Outre sa direction d'acteurs au cordeau, il n'y a pas un effet de montage qui ne soit brillant, pas une coupe ou une ellipse qui ne soit opportune. Et quand Mann voit passer l'occasion de créer un beau plan, magnifié par une photographie somptueuse, il ne s'en prive pas, notamment lors de la Mille Miglia.
Film d'une modestie impressionnante, «Ferrari» a l'efficacité d'un chef-d'œuvre sans sa prétention. En Suisse, il conclut une année 2023 assez terne, mais avec tout de même quelques éclats. Le dernier est rouge.