Zurich-Servette: Pourquoi monter si haut si c’est pour retomber si bas?

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FootballPourquoi monter si haut si c’est pour retomber si bas?

C’est la question que se posent les fans du FC Zurich depuis le début de la saison mais aussi désormais les supporters de Servette après trois dernières sorties médiocres et cette défaite 4 à 1 au Letzigrund.

Christian Maillard Zurich
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Christian Maillard Zurich

Ce n’est jamais beau l’arrière d’un train qui s’en va, de le voir filer à toute allure quand on arrive en retard sur le quai de gare. C’est un peu le sentiment qu’ont (eu) les supporters du FC Zurich cette saison alors que «leur» champion était en perdition. Il y a deux semaines encore, après treize journées de championnat, les joueurs du Letzigrund n’avaient toujours pas remporté un match depuis le début de l’exercice. Avec seulement huit buts inscrits et vingt-quatre encaissés, le FCZ avait touché le fond. Mais comment monter si haut si c’est pour retomber si bas, se demandait-on du côté de la Limmat.

Pour Boubacar Fofana, David Douline et Jérémy Frick, c’est l’heure des questions…

Pour Boubacar Fofana, David Douline et Jérémy Frick, c’est l’heure des questions…

BASTIEN GALLAY/LPS

Cette question, on se la pose encore après ce large succès (4-1), dimanche sur un Servette qui a fait à son tour beaucoup de peine à voir. Comme c’est le cas depuis deux à trois matches, dont une rencontre de Coupe à Wohlen (première ligue) où ils ne méritaient pas de se qualifier, les Genevois sont méconnaissables par rapport au jeu présenté, à ce manque de conviction, d’abnégation et d’ambition d’une équipe qui occupe tout de même le deuxième rang, juste derrière Young Boys. «Comment être euphorique quand on prend une claque sur un terrain qui en principe nous réussit bien, s’insurge le portier Jérémy Frick. Là, on a raté le coche de rester dans le sillage des Bernois et même si on n’a rien à envier à Zurich, Lucerne ou Saint-Gall, cela va être compliqué.»

À croire qu’ils se contentent d’être montés si haut. C’est vrai qu’il y a des blessés importants, que Timothé Cognat a beaucoup manqué, qu’Enzo Crivelli prend beaucoup de place quand il est sur le terrain, qu’il y a certainement un peu de fatigue, un déficit de lucidité, mais dans cette Super League aussi serrée, on est vite en haut et rapidement en bas. En janvier, après la Coupe du monde et cette (trop) longue pause, c’est un autre championnat qui va recommencer. Attention à la chute!

Les trois enseignements

«Cela fait deux ou trois matches que nous ne sommes pas bons en première mi-temps et on l’a payé aujourd’hui!» Jérémy Frick ne se voile pas la face et pose le doigt là où ça fait mal. «On s’est tous un peu caché, personne n’a fait son match avec beaucoup d’erreurs techniques et défensives, tout ce qui est notre force normalement on ne l’a pas fait aujourd’hui et voilà le résultat, nos faiblesses resurgissent et on en prend quatre aujourd’hui.» Il a tout dit ou presque. Un constat d’échec.

Comme l’a aussi constaté Alain Geiger, Servette n’est pas à l’aise quand on le bouscule trop, qu’on l’invite à un combat physique. Mais, regrettait le coach valaisan de la Praille, «on n’avait pas la substance nécessaire pour présenter un meilleur football, avec, il est vrai, beaucoup trop d’erreurs individuelles.» Les Genevois ont été dominés dans toutes les positions et tous les compartiments. Il aurait fallu davantage d’implication, d’énergie pour ramener au moins un point du Letzigrund et éviter cette 3e défaite de la saison. Un comportement indigne d’une équipe qui joue le haut de tableau. «Mais on sait qu’on peut élever notre niveau de jeu!» se persuade l’entraîneur. Ce n’est pas difficile de faire pire, en effet.

Peut-on parler de grosse fatigue dans un contingent qui n’a rien de pléthorique et amputé par des blessures de joueurs indispensables (Cognat, Séverin, Valls, Crivelli, Antunes, Bedia) sur l’échiquier? C’est l’avis de Jérémy Frick, qui estime que lui et ses copains ont tous besoin de vacances. «Il y a moins de jouerie que d’habitude et une qualité de groupe qui manque considérablement», remarque le portier. Sans chercher d’excuse, Alain Geiger admet lui aussi que face à cet impact physique, les idées de ses hommes n’étaient pas très claires, que certains étaient peut-être déjà en vacances. «Zurich était plus costaud que nous aujourd’hui, il faut l’accepter et tourner la page. On a aussi nos limites, remarque l’ex-défenseur international. Mais on a montré tellement de bonnes choses jusque-là…» Autrement dit, il n’y a pas le feu au lac pour autant. «Je regrette même qu’on doive s’arrêter ce dimanche pour la Coupe du monde, d’un autre côté cela nous donne deux mois pour nous préparer.» Prochain match des Grenat: le 22 janvier à Winterthour, un autre piège à éviter…

L’homme du match

Aiyegun Tosin n’avait pas été à pareille fête depuis le début de la saison, avec trois buts il peut bien jubiler.

Aiyegun Tosin n’avait pas été à pareille fête depuis le début de la saison, avec trois buts il peut bien jubiler.

FRESHFOCUS

Il n’avait marqué qu’un but avant ce dimanche. En état de grâce, le Béninois Aiyegun Tosin en a inscrit trois contre Servette. Le premier de la tête après un centre parfait de Jonathan Okita sur gauche où il a donné le tournis à Moritz Bauer, avant de profiter encore de cadeaux de la défense genevoise et de bénéficier du manque d’expérience du jeune Théo Magnin sur sa 2e et 3e réussite. C’est l’attaquant qui a manqué aux Grenat dimanche. «Ce genre de joueur on est censé les avoir, sourit Jérémy Frick. Mais ils se sont tous blessés en même temps et au mauvais moment.»

Le flop

Moritz Bauer (à gauche) peut plaider coupable sur les premières réussites du FCZ.

Moritz Bauer (à gauche) peut plaider coupable sur les premières réussites du FCZ.

BASTIEN GALLAY/LPS

Moritz Bauer n’en finit pas de décevoir sur le côté droit de la défense. L’Austro-Suisse de 30 ans, né à Winterthour, a une fois encore été en dessous de tout face aux attaquants du FCZ. C’est lui qui a offert les deux premières réussites à Tosin et à Nikola Katic, lesquels ont apprécié ces deux assists. Et si Alain Geiger le remplaçait à la reprise par Théo Magnin qui a l’avantage d’être jeune et d’apprendre vite?

La décla’

«Dernier du classement? On ne sait pas trop ce que ces Zurichois foutent là!»

Jérémy Frick, gardien du Servette FC

Jérémy Frick n’est pas le seul à se poser cette question. «Aujourd’hui, ajoute le gardien, ils ont rejoué de la même manière que l’an passé, ce qui leur avait bien réussi, en 3-4-2-1. Et contrairement à nous, tout a bien fonctionné pour le champion. Ils ont un jeu très primaire qui n’a rien de flamboyant, avec de longs ballons devant et des duels et ça marche lorsqu’ils sont euphoriques comme ce dimanche.»

Le tournant?

Nicolas Vouilloz (SFC) a bien cru qu’il avait ouvert la marque… avant l’arrêt miraculeux de Yanick Brecher.

Nicolas Vouilloz (SFC) a bien cru qu’il avait ouvert la marque… avant l’arrêt miraculeux de Yanick Brecher.

BASTIEN GALLAY/LPS

«Aujourd’hui j’ai marqué un but, mais Banks l’a arrêté». Cette phrase avait été prononcée au stade Jalisco de Guadalajara par le roi Pelé, le 7 juillet 1970, avant que le portier de l’équipe de l’Angleterre ne réussisse selon beaucoup «l’arrêt du siècle» et sauve son équipe de manière miraculeuse. Toutes proportions gardées, le plongeon de Yanick Brecher, le gardien du FCZ à la 21e minute, après un coup de tête de Nicolas Vouilloz, avait le poids d’un but. À ce moment-là de la partie, le score était de 0 à 0. Il aurait pu changer la trame du match. Il est vrai qu’avec des si…

Le chiffre

12’776

Les joueurs du FCZ n’ont pas été abandonnés par leurs fans.

Les joueurs du FCZ n’ont pas été abandonnés par leurs fans.

DR

Les spectateurs présents ce dimanche pour la venue de Servette. Même si le FC Zurich est dernier du classement, ses supporters sont toujours aussi fidèles. Ça fait rêver…

La question

Même s’il va récupérer ses blessés, ce Servette-là peut-il continuer à jouer le haut de tableau avec Moritz Bauer derrière et un Ronny Rodelin aussi insignifiant, sans renforts au mercato?

Pour les détails du match, cliquez ici.

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